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moignage
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AR : « Avec un grand-père alsacien et un parti au régiment… Mon paquetage était le
CWVTGƃCOCPFQPCHCDTKSWÅWP0QTOCPF même… !
né à Sotteville-lès-Rouen, qui est devenu un Nous avions un uniforme avec des boutons
« Bon Cauchois » ! dorés, une casquette et des épis de blé sur le
Après un séjour à l’école primaire TGXGTUFGNCXGUVG.GULGWPGUPQWUÅVKQPUƂGTU
supérieure de Rouen, je me suis retrouvé en de le porter mais les plus anciens en étaient
1924 sur les bancs de l’Ecole Départementale honteux et le retiraient pour sortir à Yvetot.
d’Agriculture d’Yvetot. J’y ai fait deux années En 1928, j’ai été reçu à l’école de Rennes.
d’école et deux années de préparation aux En 1930, j’en suis sorti avec le diplôme
concours d’entrée dans les grandes écoles d’ingénieur agricole.
(Grignon, Rennes et Montpellier), chose qui a En 1932, le directeur des services agricoles
été abandonnée depuis l’École Régionale et m’a proposé de créer un jardin à l’École
le lycée. Régionale d’Agriculture d’Yvetot. Au bout
Nous étions dans les bâtiments de l’école FoWPGFGOKLQWTPÅGFGTÅƃGZKQPLoCKHQPEÅGV
de perfectionnement d’Yvetot et dans j’ai pris le jardin : 1,30 hectare.
l’esprit des Yvetotais, nous passions pour
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des anormaux. L’exploitation se trouvait de son tracé, il était un peu unique. Avec
déjà au domaine d’Auzebosc, dirigée par ses grands carrés, il permettait de faire un
M. Divanach dit « Père l’Attrappe », c’était un assolement, contrairement aux habitudes.
maître cultivateur. C’est lui qui nous a donné Toutes les productions étaient étiquetées sur
l’amour de la terre. des pancartes : nom de la variété, époque de
Nous allions tous les jours aux travaux semis, etc. Si bien que les élèves, pendant
pratiques. Après une inspection sur l’état les récréations, se promenaient dans le jardin
des chaussures, nous traversions Yvetot en avec leurs cahiers et retrouvaient leurs cours
rangs, au pas cadencé, puis au pas de route. matérialisés.
Au retour, même chose mais suivis par Ensuite, l’école a évolué, elle a été
FGWZQWVTQKUƂNNGUSWKFÅL¼¼NoÅRQSWG transformée en école régionale, puis en lycée
galopaient derrière les plus beaux gars agricole… A ma libération en août 1940, j’ai
de l’école. réintégré l’école d’Yvetot où les Allemands
Nous étions pensionnaires et nous avaient remplacé les élèves. Je m’occupais
sortions tous les samedis, sauf quand du jardin et de l’exploitation, ce qui me
nous étions collés. La discipline était permettait de permuter les ouvriers, pendant
très stricte. Je n’ai d’ailleurs pas les périodes de grands travaux.
trouvé de différence quand je suis L’école régionale marchait bien. Nous
avions encore l’esprit de « fabriquer » des
hommes plutôt que des diplômes… ».
M. et Mme Raab lors d’un bal
de l’Amicale des anciens élèves.
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« Bon Cauchois » ! dorés, une casquette et des épis de blé sur le
Après un séjour à l’école primaire TGXGTUFGNCXGUVG.GULGWPGUPQWUÅVKQPUƂGTU
supérieure de Rouen, je me suis retrouvé en de le porter mais les plus anciens en étaient
1924 sur les bancs de l’Ecole Départementale honteux et le retiraient pour sortir à Yvetot.
d’Agriculture d’Yvetot. J’y ai fait deux années En 1928, j’ai été reçu à l’école de Rennes.
d’école et deux années de préparation aux En 1930, j’en suis sorti avec le diplôme
concours d’entrée dans les grandes écoles d’ingénieur agricole.
(Grignon, Rennes et Montpellier), chose qui a En 1932, le directeur des services agricoles
été abandonnée depuis l’École Régionale et m’a proposé de créer un jardin à l’École
le lycée. Régionale d’Agriculture d’Yvetot. Au bout
Nous étions dans les bâtiments de l’école FoWPGFGOKLQWTPÅGFGTÅƃGZKQPLoCKHQPEÅGV
de perfectionnement d’Yvetot et dans j’ai pris le jardin : 1,30 hectare.
l’esprit des Yvetotais, nous passions pour
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des anormaux. L’exploitation se trouvait de son tracé, il était un peu unique. Avec
déjà au domaine d’Auzebosc, dirigée par ses grands carrés, il permettait de faire un
M. Divanach dit « Père l’Attrappe », c’était un assolement, contrairement aux habitudes.
maître cultivateur. C’est lui qui nous a donné Toutes les productions étaient étiquetées sur
l’amour de la terre. des pancartes : nom de la variété, époque de
Nous allions tous les jours aux travaux semis, etc. Si bien que les élèves, pendant
pratiques. Après une inspection sur l’état les récréations, se promenaient dans le jardin
des chaussures, nous traversions Yvetot en avec leurs cahiers et retrouvaient leurs cours
rangs, au pas cadencé, puis au pas de route. matérialisés.
Au retour, même chose mais suivis par Ensuite, l’école a évolué, elle a été
FGWZQWVTQKUƂNNGUSWKFÅL¼¼NoÅRQSWG transformée en école régionale, puis en lycée
galopaient derrière les plus beaux gars agricole… A ma libération en août 1940, j’ai
de l’école. réintégré l’école d’Yvetot où les Allemands
Nous étions pensionnaires et nous avaient remplacé les élèves. Je m’occupais
sortions tous les samedis, sauf quand du jardin et de l’exploitation, ce qui me
nous étions collés. La discipline était permettait de permuter les ouvriers, pendant
très stricte. Je n’ai d’ailleurs pas les périodes de grands travaux.
trouvé de différence quand je suis L’école régionale marchait bien. Nous
avions encore l’esprit de « fabriquer » des
hommes plutôt que des diplômes… ».
M. et Mme Raab lors d’un bal
de l’Amicale des anciens élèves.
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