Page 23 - livre_souvenirs
P. 23
Souvenirs d’un randonneur en montagne
DES LOIS DE LA NATURE
« Que la terre serait laide si c’était l’homme qui l’avait faite »
Proverbe cité par G. Modica dans son livre « les grandes premières du Mont Blanc » (Editions Guérin)
De tout temps l’homme, certain de sa supériorité et de son intelligence, a regroupant de nombreuses de ces erreurs et souvent bien d’autres…). On
voulu domestiquer la nature et toujours la nature a gagné. Les lois de la multiplie les systèmes anti-avalanches. Il eut été sans doute plus raisonnable
nature sont ainsi faites que l’homme ne pourra jamais les contrôler pour de choisir correctement les sites… Comment dans un tel environnement
assouvir ces instants primaires de domination. Ce principe fondamental est artificiel, sans respect des règles de la nature, donner le goût du beau, du
particulièrement vrai dans le monde de la montagne. naturel, du respect de la nature.
Quelques exemples de la vie montagnarde illustrent parfaitement ce Les technocrates parisiens de l’environnement, technocrates « de salon »,
principe : émettent des règles pour soit disant protéger la nature (et je ne parle pas de
La période dite de « l’or blanc » a vu jaillir au cœur des montagnes des sta- nos merveilleux eurocrates… qui veulent régir la fabrication du Beaufort à
tions « artificielles », tours de béton et équipements de toute sorte ont partir de leurs bureaux bruxellois…). On ne fauche pas, donc les graines n’at-
fleuri, nés de la créativité, ou plus exactement de l’absence de créativité, teignent plus le sol et les fleurs disparaissent au cours des ans… Aujourd’hui
d’architectes ignorants les règles du rude milieu montagnard, règles apprises fort heureusement on voit réapparaitre les troupeaux (vaches, chèvres, bre-
au cours des générations par les habitants de ces régions. Ceci se traduit bis) qui naturellement entretiennent les alpages en évitant notamment la
souvent par des choix de matériaux et des types de constructions totale- prolifération des arcosses et en stabilisant les pentes. Quand les anciens
ment inadaptés (toits plats…), des choix de lieux en ignorance absolue de exploitaient intelligemment la montagne (il fallait assurer la pérennité des
l’histoire de ces montagnes (avalanches, glissements de terrains…), des ressources) la nature était parfaitement protégée. Il serait bon de se référer
choix d’orientations interdisant l’accès au soleil… Ensuite on rabote les à la sagesse et à l’expérience de ces anciens.
pistes, pour avoir les boulevards les plus plats possible. Et tout ceci sans
aucun respect des sites, des villages que des siècles avaient façonnés, en À l’heure de la société de l’information, il serait profitable d’intégrer tous ces
dénaturant des vallées entières. En application du principe fondamental que savoirs dans nos décisions, nos raisonnements et nos modes de vie.
la nature finit toujours par gagner, le résultat est aujourd’hui normal : L’expérience est quelque chose d’irremplaçable et ceci sans aucun doute
immeubles inesthétiques, nécessitant des travaux considérables et fort cou- permettrait d’éviter bien des erreurs aux conséquences souvent fort dom-
teux de réhabilitation. On voit le bois et la pierre réapparaitre, les toits avec mageables. Alors que les politiques de tous les pays s’époumonent sur le
une pente adaptée reviennent (bien que certains architectes trouvent changement climatique et ces conséquences, un retour à ces réalités serait
encore judicieux de proposer au CAF des refuges de haute montagne sans aucun doute très salutaire.
Les grands tours des massifs alpins | 19
DES LOIS DE LA NATURE
« Que la terre serait laide si c’était l’homme qui l’avait faite »
Proverbe cité par G. Modica dans son livre « les grandes premières du Mont Blanc » (Editions Guérin)
De tout temps l’homme, certain de sa supériorité et de son intelligence, a regroupant de nombreuses de ces erreurs et souvent bien d’autres…). On
voulu domestiquer la nature et toujours la nature a gagné. Les lois de la multiplie les systèmes anti-avalanches. Il eut été sans doute plus raisonnable
nature sont ainsi faites que l’homme ne pourra jamais les contrôler pour de choisir correctement les sites… Comment dans un tel environnement
assouvir ces instants primaires de domination. Ce principe fondamental est artificiel, sans respect des règles de la nature, donner le goût du beau, du
particulièrement vrai dans le monde de la montagne. naturel, du respect de la nature.
Quelques exemples de la vie montagnarde illustrent parfaitement ce Les technocrates parisiens de l’environnement, technocrates « de salon »,
principe : émettent des règles pour soit disant protéger la nature (et je ne parle pas de
La période dite de « l’or blanc » a vu jaillir au cœur des montagnes des sta- nos merveilleux eurocrates… qui veulent régir la fabrication du Beaufort à
tions « artificielles », tours de béton et équipements de toute sorte ont partir de leurs bureaux bruxellois…). On ne fauche pas, donc les graines n’at-
fleuri, nés de la créativité, ou plus exactement de l’absence de créativité, teignent plus le sol et les fleurs disparaissent au cours des ans… Aujourd’hui
d’architectes ignorants les règles du rude milieu montagnard, règles apprises fort heureusement on voit réapparaitre les troupeaux (vaches, chèvres, bre-
au cours des générations par les habitants de ces régions. Ceci se traduit bis) qui naturellement entretiennent les alpages en évitant notamment la
souvent par des choix de matériaux et des types de constructions totale- prolifération des arcosses et en stabilisant les pentes. Quand les anciens
ment inadaptés (toits plats…), des choix de lieux en ignorance absolue de exploitaient intelligemment la montagne (il fallait assurer la pérennité des
l’histoire de ces montagnes (avalanches, glissements de terrains…), des ressources) la nature était parfaitement protégée. Il serait bon de se référer
choix d’orientations interdisant l’accès au soleil… Ensuite on rabote les à la sagesse et à l’expérience de ces anciens.
pistes, pour avoir les boulevards les plus plats possible. Et tout ceci sans
aucun respect des sites, des villages que des siècles avaient façonnés, en À l’heure de la société de l’information, il serait profitable d’intégrer tous ces
dénaturant des vallées entières. En application du principe fondamental que savoirs dans nos décisions, nos raisonnements et nos modes de vie.
la nature finit toujours par gagner, le résultat est aujourd’hui normal : L’expérience est quelque chose d’irremplaçable et ceci sans aucun doute
immeubles inesthétiques, nécessitant des travaux considérables et fort cou- permettrait d’éviter bien des erreurs aux conséquences souvent fort dom-
teux de réhabilitation. On voit le bois et la pierre réapparaitre, les toits avec mageables. Alors que les politiques de tous les pays s’époumonent sur le
une pente adaptée reviennent (bien que certains architectes trouvent changement climatique et ces conséquences, un retour à ces réalités serait
encore judicieux de proposer au CAF des refuges de haute montagne sans aucun doute très salutaire.
Les grands tours des massifs alpins | 19