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Elles avaient toutes des prénoms de fleur. Yasmina n’y échappa
pas et choisit la marguerite. Elle poussait dans les champs. Sa ma-
man l’utilisait en infusion pour calmer les douleurs des femmes
de son entourage et puis la marguerite se fait effeuiller en quête
d’amour… à la folie, pas du tout.
Quand Marge passait furtivement au Carrefour Market à l’angle
de son appartement, elle illuminait encore les rayons. Ses sourcils
légèrement circonflexes, lui donnaient toujours l’air plus intel-
ligente que les autres ! Ses lèvres fuchsia et sa veste d’homme
ajustée déambulaient dans le rayon alcool pour ressortir tel un
cowboy du ranch, à la fréquence des cliquetis des bouteilles en
verre… Gling, gling, gling.
Elle aimait boire seule le midi avant sa sieste.
Marge remontait chez elle, se roulait un gros joint et se glissait
régulièrement derrière son piano avant de terminer sa nuit…
Ensuite, elle ré-ouvrait généralement un œil vers 11h du matin et
la journée pouvait commencer.
Elle avait une mémoire sélective. Marge savait que « héberger »
n’était pas vraiment le mot approprié quand elle parlait de la ving-
taine de filles qui filait comme des courants d’air dans son 400m2.
Elles étaient choyées le jour, comme des chatons pure race. La
nuit elle faisaient ce que bon leur semblait. Les demoiselles ve-
naient le plus souvent du Maroc, un peu d’Algérie aussi. Pour
ces jeunes femmes, arriver en France, c’était la possibilité d’un
avenir un peu plus serein. Toutes voyaient ça comme un sacrifice,
un passage nécessaire. Puis toutes faisaient la connaissance de
Marge. « Que ne durent que les moments doux, durent que les
moments doux ». La propriétaire de cette maison n’avait que cela
en tête.
Quand elle les appelait « Ses Filles » ce n’est pas uniquement
parce qu’elle gérait leur Livret A, changeait leurs draps et leur
grillait des tartines entre 13h et 14h. Elle les aimait viscéralement.
En signe d’identification toutes devaient se trouver un prénom,
comme une nouvelle naissance. Yasmina avait adoré se renommer
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Elles avaient toutes des prénoms de fleur. Yasmina n’y échappa
pas et choisit la marguerite. Elle poussait dans les champs. Sa ma-
man l’utilisait en infusion pour calmer les douleurs des femmes
de son entourage et puis la marguerite se fait effeuiller en quête
d’amour… à la folie, pas du tout.
Quand Marge passait furtivement au Carrefour Market à l’angle
de son appartement, elle illuminait encore les rayons. Ses sourcils
légèrement circonflexes, lui donnaient toujours l’air plus intel-
ligente que les autres ! Ses lèvres fuchsia et sa veste d’homme
ajustée déambulaient dans le rayon alcool pour ressortir tel un
cowboy du ranch, à la fréquence des cliquetis des bouteilles en
verre… Gling, gling, gling.
Elle aimait boire seule le midi avant sa sieste.
Marge remontait chez elle, se roulait un gros joint et se glissait
régulièrement derrière son piano avant de terminer sa nuit…
Ensuite, elle ré-ouvrait généralement un œil vers 11h du matin et
la journée pouvait commencer.
Elle avait une mémoire sélective. Marge savait que « héberger »
n’était pas vraiment le mot approprié quand elle parlait de la ving-
taine de filles qui filait comme des courants d’air dans son 400m2.
Elles étaient choyées le jour, comme des chatons pure race. La
nuit elle faisaient ce que bon leur semblait. Les demoiselles ve-
naient le plus souvent du Maroc, un peu d’Algérie aussi. Pour
ces jeunes femmes, arriver en France, c’était la possibilité d’un
avenir un peu plus serein. Toutes voyaient ça comme un sacrifice,
un passage nécessaire. Puis toutes faisaient la connaissance de
Marge. « Que ne durent que les moments doux, durent que les
moments doux ». La propriétaire de cette maison n’avait que cela
en tête.
Quand elle les appelait « Ses Filles » ce n’est pas uniquement
parce qu’elle gérait leur Livret A, changeait leurs draps et leur
grillait des tartines entre 13h et 14h. Elle les aimait viscéralement.
En signe d’identification toutes devaient se trouver un prénom,
comme une nouvelle naissance. Yasmina avait adoré se renommer
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