Page 224 - I008786_BATv2
P. 224
tille & Alexandre
Cette attente le rendait confit, confus, confiné dans l’inconfort
d’un cocon qu’il s’était confectionné. Il sortit.
Avant qu’il ne se capuche, une goutte glissa le long de sa colonne.
Alex la sentit se frayer un chemin, valsant avec ses vertèbres dor-
sales. Le poids de l’air l’écrasait comme un cartable voulant le
mettre à terre. Son couvercle se refermait jusqu’à l’étouffer. Cet
instant avait la mélancolie d’une nuit. Ses nuits étaient des puits
à l’agonie. L’agonie le caressait d’une tristesse infinie. Être heu-
reux n’était définitivement pas pour lui.
La pluie tombait en fins barreaux, sur la pierre, sur les toits mais
surtout sur son dos. Elle diluait partiellement sa colère, la noyant
en espoir éphémère. Sa peau d’abord humide, devint clairement
mouillée. Son âme souvent acide commençait à rouiller. Se diri-
geant vers le parc, il voulait voir les cygnes, leur donner du pain et
pleurer. Sous cette averse drue personne ne le verrait. Et même si
c’était le cas, il s’en foutait. Les nénuphars tremblaient, se reflé-
tant tout déformés. Le chant de l’eau qui tombe est la juste tona-
lité. Il devenait liquide. Si seulement la mare pouvait le happer, le
digérer. Qu’il renaisse à nouveau à l’aide de Zéphyr. Si seulement
ce cerisier pouvait l’absorber, le tronçonner. Qu’il repousse à
nouveau pour ainsi mieux grandir. Son visage se ridait au contact
des ondes. Un halo se formait comme une âme vagabonde.
Ses cuisses se raidirent. Ses bras s’engourdirent. Sa nuque en ca-
chemire finit par l’engloutir. Les rayons percèrent. Il se retourna.
Leva le regard comme pour fixer sa croix. Belle comme jamais,
elle était là. Il le savait depuis toujours.
Bertille et Alexandre s’enlacèrent durant une éternité.
224
Cette attente le rendait confit, confus, confiné dans l’inconfort
d’un cocon qu’il s’était confectionné. Il sortit.
Avant qu’il ne se capuche, une goutte glissa le long de sa colonne.
Alex la sentit se frayer un chemin, valsant avec ses vertèbres dor-
sales. Le poids de l’air l’écrasait comme un cartable voulant le
mettre à terre. Son couvercle se refermait jusqu’à l’étouffer. Cet
instant avait la mélancolie d’une nuit. Ses nuits étaient des puits
à l’agonie. L’agonie le caressait d’une tristesse infinie. Être heu-
reux n’était définitivement pas pour lui.
La pluie tombait en fins barreaux, sur la pierre, sur les toits mais
surtout sur son dos. Elle diluait partiellement sa colère, la noyant
en espoir éphémère. Sa peau d’abord humide, devint clairement
mouillée. Son âme souvent acide commençait à rouiller. Se diri-
geant vers le parc, il voulait voir les cygnes, leur donner du pain et
pleurer. Sous cette averse drue personne ne le verrait. Et même si
c’était le cas, il s’en foutait. Les nénuphars tremblaient, se reflé-
tant tout déformés. Le chant de l’eau qui tombe est la juste tona-
lité. Il devenait liquide. Si seulement la mare pouvait le happer, le
digérer. Qu’il renaisse à nouveau à l’aide de Zéphyr. Si seulement
ce cerisier pouvait l’absorber, le tronçonner. Qu’il repousse à
nouveau pour ainsi mieux grandir. Son visage se ridait au contact
des ondes. Un halo se formait comme une âme vagabonde.
Ses cuisses se raidirent. Ses bras s’engourdirent. Sa nuque en ca-
chemire finit par l’engloutir. Les rayons percèrent. Il se retourna.
Leva le regard comme pour fixer sa croix. Belle comme jamais,
elle était là. Il le savait depuis toujours.
Bertille et Alexandre s’enlacèrent durant une éternité.
224