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tre du citron dans les yeux. Il lui arrivait régulièrement de
shooter un fruit adossé à une tasse de thé, une cuillerée de confi-
ture maison sur un toast, une part de tarte à moitié grignotée. Vers
13h au restau, elle se levait et prenait une image en se mettant
bien au-dessus de son assiette, ou plutôt de son bowl. Parfois elle
rajoutait un ingrédient pris dans le plat de Tibo juste pour rame-
ner une jolie couleur. Émelyne aimait les matières brutes et les
contenants originaux. On lui collait une merde de bouc, avec une
feuille de menthe, dans un bocal à conserve au couvercle clip-
sable et ça lui faisait sa journée. De toute façon, elle mangeait ra-
rement le midi. Émelyne était attentive aux couverts, à la matière
de la table, à la serviette négligemment pliée.
Dès le vendredi matin, elle choisissait ses passe-temps du week-
end en fonction des endroits où elle voulait qu’on la voit. Sur
un petit pont à Giverny, il paraîtrait que c’était la maison d’un
peintre aveugle super-star du Moyen Âge. Elle faisait des sauts,
les genoux pliés et les bras au ciel, avec en arrière-plan le mont de
la Mère-Michel en Bretagne. Quand elle se cognait un aller-retour
à Paris dans l’après-midi, c’était pour se mettre devant les pyra-
mides égyptiennes en verre qu’elle trouvait incroyables de mo-
dernité pour l’époque. Une fois qu’ils étaient à la capitale, Éme-
lyne et Tibo en profitaient toujours pour faire une pause devant la
maison d’Esmeralda. Même si un incendie avait sacrément abîmé
le clocher de Quasimodo, pour elle ça restait son décor préféré.
Pour 89 euros, les amoureux ne boudaient jamais leur plaisir de
se louer une Ferrari pour descendre les Champs Elysées durant 20
minutes. Ils étaient hyper attentifs à ce que les portières ne soient
pas logotées « Rent a Car » et en baissant la capote, Émelyne dé-
clenchait le mode vidéo pour faire kiffer ses followers. Le soir
elle enfilait un sweet crop-top, un legging en lycra et une paire de
pegasus qui n’avait jamais touché un trottoir.
C’était tellement sympa de cocooner enfin après une si dure journée.
L’index sur la lèvre, devant un verre de vin rouge australien.
Une moue boudeuse face à un plateau de tapenade. Un léger
rictus fixant un monster munch. Une fois chez elle, ses clichés
se cadraient toujours très serrés, because son appart était assez
merdique, en tout cas il était inconcevable de rouler en sportive
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shooter un fruit adossé à une tasse de thé, une cuillerée de confi-
ture maison sur un toast, une part de tarte à moitié grignotée. Vers
13h au restau, elle se levait et prenait une image en se mettant
bien au-dessus de son assiette, ou plutôt de son bowl. Parfois elle
rajoutait un ingrédient pris dans le plat de Tibo juste pour rame-
ner une jolie couleur. Émelyne aimait les matières brutes et les
contenants originaux. On lui collait une merde de bouc, avec une
feuille de menthe, dans un bocal à conserve au couvercle clip-
sable et ça lui faisait sa journée. De toute façon, elle mangeait ra-
rement le midi. Émelyne était attentive aux couverts, à la matière
de la table, à la serviette négligemment pliée.
Dès le vendredi matin, elle choisissait ses passe-temps du week-
end en fonction des endroits où elle voulait qu’on la voit. Sur
un petit pont à Giverny, il paraîtrait que c’était la maison d’un
peintre aveugle super-star du Moyen Âge. Elle faisait des sauts,
les genoux pliés et les bras au ciel, avec en arrière-plan le mont de
la Mère-Michel en Bretagne. Quand elle se cognait un aller-retour
à Paris dans l’après-midi, c’était pour se mettre devant les pyra-
mides égyptiennes en verre qu’elle trouvait incroyables de mo-
dernité pour l’époque. Une fois qu’ils étaient à la capitale, Éme-
lyne et Tibo en profitaient toujours pour faire une pause devant la
maison d’Esmeralda. Même si un incendie avait sacrément abîmé
le clocher de Quasimodo, pour elle ça restait son décor préféré.
Pour 89 euros, les amoureux ne boudaient jamais leur plaisir de
se louer une Ferrari pour descendre les Champs Elysées durant 20
minutes. Ils étaient hyper attentifs à ce que les portières ne soient
pas logotées « Rent a Car » et en baissant la capote, Émelyne dé-
clenchait le mode vidéo pour faire kiffer ses followers. Le soir
elle enfilait un sweet crop-top, un legging en lycra et une paire de
pegasus qui n’avait jamais touché un trottoir.
C’était tellement sympa de cocooner enfin après une si dure journée.
L’index sur la lèvre, devant un verre de vin rouge australien.
Une moue boudeuse face à un plateau de tapenade. Un léger
rictus fixant un monster munch. Une fois chez elle, ses clichés
se cadraient toujours très serrés, because son appart était assez
merdique, en tout cas il était inconcevable de rouler en sportive
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