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ns disaient tout haut aussi. Comme une bonne professeure-cher-
cheuse qui se respecte, Émelyne savait manier l’art de la nuance.
« Identiquement aux humains, certains animaux souffrent visible-
ment d’instincts primitifs mais c’est surtout dans la pulsion du mo-
ment. Eux ne vont pas aller jusqu’à préméditer des meurtres de
masse ou réfléchir à comment torturer une autre espèce. Les vaches,
cochons et autres bêtes consommées par l’humain, ne demandent
qu’à brouter de l’herbe relativement fraîche pour être heureux. Je me
suis toujours dit que ça m’attristerait moins si nous consommions les
animaux qui eux-mêmes ne sont pas des individus sympas. Genre
une andouillette de guépard, un ragout de hyène ou un tartare de
babouin, à méditer les amis ! Je vous laisse, j’ai fitness ! ».
Émelyne était connectée. Ce matin, elle était tellement speed
qu’elle n’avait même pas eu le temps d’instagrammer son petit
dej’. Elle mettait du Katy Perry dans ses AirPods et levait la patte
plus haut qu’un dogue allemand. L’influenceuse adorait se faire
gueuler dessus par une chanteuse à voix. Elle avait l’impression
de purger ses pêchés. Quand Émelyne avait une pensée négative
à propos de sa grosse collègue, elle s’infligeait 30 minutes de
Lara Fabian. Si la nuit elle se levait pour manger un pot d’Häa-
gen-Dazs biscuit et crème Speculoos, elle s’imposait une heure
de Chimène Badi. Elle kiffait vraiment ces nanas qui envoyaient
tellement de watts que ça en devenait gênant. Elle s’emmitouflait
dans leurs décibels et lorsqu’elle appuyait sur pause, Émelyne
redevenait vierge de toutes les saloperies qu’elle pouvait faire ou
penser. Fallait bien que ces artistes servent à quelque chose.
Tibo arriva dans le salon/cuisine/salle à manger en costume bleu
marine et cravate rouge. Sur sa chemise blanche, il trouvait que
ça faisait patriote. Lui, il ne se laisserait pas faire. Il ne baisserait
pas les bras comme son paternel. Il irait au fight. C’est ce qui les
rapprochait, Émelyne et lui. Tous les deux ne lâchaient rien !
— T ’es trop beau mon Tibo, on voit bien tes pec dans ce Jersey.
— M erci ma beauté, toi aussi t’es bonne dans ce petit legging.
J’ai pas mis trop de gel sur le dessus, je déteste quand ça fait
des blocs.
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cheuse qui se respecte, Émelyne savait manier l’art de la nuance.
« Identiquement aux humains, certains animaux souffrent visible-
ment d’instincts primitifs mais c’est surtout dans la pulsion du mo-
ment. Eux ne vont pas aller jusqu’à préméditer des meurtres de
masse ou réfléchir à comment torturer une autre espèce. Les vaches,
cochons et autres bêtes consommées par l’humain, ne demandent
qu’à brouter de l’herbe relativement fraîche pour être heureux. Je me
suis toujours dit que ça m’attristerait moins si nous consommions les
animaux qui eux-mêmes ne sont pas des individus sympas. Genre
une andouillette de guépard, un ragout de hyène ou un tartare de
babouin, à méditer les amis ! Je vous laisse, j’ai fitness ! ».
Émelyne était connectée. Ce matin, elle était tellement speed
qu’elle n’avait même pas eu le temps d’instagrammer son petit
dej’. Elle mettait du Katy Perry dans ses AirPods et levait la patte
plus haut qu’un dogue allemand. L’influenceuse adorait se faire
gueuler dessus par une chanteuse à voix. Elle avait l’impression
de purger ses pêchés. Quand Émelyne avait une pensée négative
à propos de sa grosse collègue, elle s’infligeait 30 minutes de
Lara Fabian. Si la nuit elle se levait pour manger un pot d’Häa-
gen-Dazs biscuit et crème Speculoos, elle s’imposait une heure
de Chimène Badi. Elle kiffait vraiment ces nanas qui envoyaient
tellement de watts que ça en devenait gênant. Elle s’emmitouflait
dans leurs décibels et lorsqu’elle appuyait sur pause, Émelyne
redevenait vierge de toutes les saloperies qu’elle pouvait faire ou
penser. Fallait bien que ces artistes servent à quelque chose.
Tibo arriva dans le salon/cuisine/salle à manger en costume bleu
marine et cravate rouge. Sur sa chemise blanche, il trouvait que
ça faisait patriote. Lui, il ne se laisserait pas faire. Il ne baisserait
pas les bras comme son paternel. Il irait au fight. C’est ce qui les
rapprochait, Émelyne et lui. Tous les deux ne lâchaient rien !
— T ’es trop beau mon Tibo, on voit bien tes pec dans ce Jersey.
— M erci ma beauté, toi aussi t’es bonne dans ce petit legging.
J’ai pas mis trop de gel sur le dessus, je déteste quand ça fait
des blocs.
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