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province ne le dérangeaient pas, il assumait totalement son rôle.
Il savait à quel point faire bonne figure était important. Rien ne
le lassait quand il avait sa casquette de capitaine d’industrie. Il fal-
lait juste qu’il ne la garde pas trop longtemps et qu’il la remplace
fréquemment par une cagoule en latex le faisant suffoquer pour
augmenter son plaisir sexuel. Il pouvait tenir un stand à la kermesse
de ses enfants dans le parc de Saint-Dominique-du-Repenti juste
après s’être enfilé une demie douzaine de boules de Geisha dans
le fion. Il contrôlait toutes les situations. Jean-Laurent était comme
Alexandre Spinozi, un grand solitaire socialement redevable.

Béatrice

10h30 Béa poussa la porte de cette ancienne boucherie-charcu-
terie. La lumière était crue, la vitrine recouverte d’une immense
photo micro-perforée pour voir l’extérieur à l’intérieur mais pas
l’inverse. En sortant, elle croisa Alex qui regardait droit devant
lui, assez satisfait de sa ritournelle.
La nuit passée, il avait répété mot après mot, jouant chaque situa-
tion, chaque éventualité. Toutes les alternatives lui avaient traver-
sé la tête. Sa gestuelle, ses émotions, ses regards étaient anticipés
pour n’importe quel cas de figure. Son plan sentait le diable et
l’harponnage s’était passé comme prévu. Il savait que Bertille
n’était plus insensible à sa présence. Alex devenait maladivement
amoureux de Madame De La Berthelière alors qu’il la connaissait
à peine. Il rentra chez lui. Se coucha en attendant patiemment le
lendemain matin pour dérouler la suite de son plan.
Béatrice s’avança presque gênée vers l’accueil de la permanence.
Bertille se remettait doucement du moment de séduction hors-
norme dont elle venait d’être victime.

— M adame, vous m’avez sauvé la vie, lança Béa presque hypnotisée.
— P laît-il ?
Bertille fit des mouvements de tête pour savoir à qui s’adressait cette
jeune femme, mais n’étant que 2 dans le local, elle eut vite sa réponse.

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