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qu’à se pencher pour ramasser, pour pêcher, pour
RESSOURCES MARINES produire. À de rares exceptions près, comme les
•UNE CORNE D’ABONDANCE ? instituts de recherche comme le nôtre, la société
pensait que les océans étaient largement surdi-
L’effondrement brutal des populations de morues mensionnés par rapport aux besoins de l’huma-
près des côtes de Terre-Neuve à la fin des années nité ” raconte Antoine Dosdat, directeur du centre
quatre-vingts a été un véritable choc pour le Ifremer Bretagne. L’opinion publique a commencé
Canada et pour l’humanité toute entière. Dans à être sensibilisée dans les années soixante-dix
l’une des eaux les plus poissonneuses de la pla- lorsque les pêcheurs ont constaté que les stocks
nète, une espèce prolifique a quasiment disparu de poissons périclitaient progressivement dans
à force de surpêche. Longtemps, l’océan a été différentes zones. “La taille moyenne des pois-
perçu comme un réservoir inépuisable, une corne sons diminuait, leur capacité de reproduction et
d’abondance capable de se reconstituer indéfini- celle de l’écosystème à les régénérer avaient été
ment. Soudain, la limite de l’exploitation des res- atteintes” précise le scientifique. L'effondrement
sources marines devint une réalité. “Jusque dans emblématique des stocks de morues de Terre-
les années soixante-dix, l’humanité a agi comme Neuve a montré que les écosystèmes marins
si les océans étaient illimités, infinis. Il n’y avait avaient des seuils au-delà desquels leur capacité
de résilience était dépassée. En 2006, nouveau
coup de tonnerre avec un article de l’écologiste
et biologiste Boris Worm, paru dans la presti-
gieuse revue Science, annonçant “une mer sans
poissons” d’ici 2048, si rien n’était fait pour stop-
per la surpêche. Les chercheurs tirent à nouveau
la sonnette d’alarme.
En France, la bonne gestion des ressources
marines est au cœur des préoccupations de
l’Ifremer depuis sa création. “C’est réellement
dans l’ADN de l’Ifremer de s’attaquer à ces pro-
blématiques de bonne gestion des ressources
halieutiques. La surveillance des stocks de pois-
sons est réalisée chaque année grâce à des
campagnes hauturières, elle permet aux autori-
tés de connaître en temps réel l’état des popula-
tions” explique Clara Ulrich, directrice scientifique
adjointe de l'institut. En 2006, la biologiste s’est
lancée dans un projet intitulé le FCube ("Fleets
and Fisheries Forecast") pour étudier l’impact des
pêcheries mixtes, des pratiques peu sélectives
qui capturent plusieurs espèces en même temps
et qui compliquent beaucoup le suivi des popula-
tions. Ses travaux ont permis d’établir un modèle
efficace pour atteindre les objectifs de durabi-
lité d’exploitation pour plusieurs espèces diffé-

Ferferio delignatur sustis rem inciis in conse volupta
epedis eume verat utaspic ipiciunt Sedipicid utem quis
doluptatur. Ebit repelitiam, cum ratiscitatum rest od.
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