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Un jeune garçon, caché dans un carton décidera de rejoindre ses parents
arrêtés par la Gestapo et l’armée allemande; celui-ci n'est autre que le jeune Jean-
François Duvivier. Dès le plan suivant, nous suivons le départ des juifs vers les
camps de la mort.

La caméra fait preuve d’une grande mobilité pour suivre leurs
déplacements. Nous pouvons remarquer dans ce plan séquence de l'acheminement
des passagers vers leur destination, un cadre symétrique où la caméra semble
d'abord en retrait. L'intérêt de cette séquence est de montrer l'humiliation des juifs
contraints d'abandonner tout. La mise en scène de cette séquence insiste sur des
visages meurtris et perdus. L'alternance de plan d'ensemble ou rapproché et gros
plan du visage, passe constamment de la foule vers des personnages en
particulier. Cette séquence fait à nouveau allusion à la confrontation de la mémoire
et l’Histoire. La persécution des juifs est un fait tragique : comment représenter de
manière plausible un drame, sans pour autant tomber dans le sentimentalisme et
les clichés.

Les séquences suivantes combinent avec émotion et justesse des
événements reconstitués mais néanmoins véridiques ; après le départ des juifs vers
les camps, la mise en scène pénètre à l'intérieur des trains. Lelouch tend à recréer
le malaise et les conditions épouvantables du voyage avec sincérité. Les personnes
étaient entassées dans des convois à bestiaux en ne pouvant à peine respirer. La
caméra essaie de retranscrire au mieux la gène éprouvée en filmant les visages et
en insistant sur le regard humain de cette situation tragique. Très vite celle-ci se
rapproche des époux Meyer : Simon décide d'abandonner son enfant près d’une
voie, afin qu’il ne soit pas déporté…

Après les séquences où nous voyons l’intérieur des trains et celle où
Simon abandonne son enfant, la mise en scène filme l’arrivée au camp de
déportation.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 19
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