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effet dans les deux films, les avions sont disposés dans un cadre symétrique et
réparti dans un espace équilibré. Par ailleurs outre la répartition ordonnée au sein
du cadre de l’écran, nous remarquons que ceux-ci sont filmés par un mouvement
de contre-plongée ; pour donner de l'importance à l'événement du débarquement,
qui est imminent et conférer à la séquence une dimension spectaculaire. On peut
percevoir comme chez Lelouch, le travail de l'ambiance sonore réaliste. Nous
voyons ensuite des parachutistes également cadrés en contre-plongée. La vision du
débarquement dans le Jour le plus long joue également sur l'alternance des points
de vues. Nous percevons en effet le débarquement via le point de vue des soldats
alliés ou du point de vue allemand. Aussi comme nous l'avons dit en première
partie, la séquence d'arrivée des soldats sur les plages normandes est construite de
manière équivalente dans le Jour le plus long et les Misérables. Les deux films
montrent le débarquement via des moyens logistiques importants, (avec de
nombreux figurants et un soin dans la reconstitution) afin de filmer des séquences
chocs, pour faire revivre par procuration au spectateur ce qu'a été le
débarquement.

Néanmoins si Les Misérables s'inspirent du Jour le plus long, il semble
également évident qu'il s'imprègne, du film de Richard Attenborough un Pont trop
loin. En effet dans les deux films, l’avancée des avions dans le ciel est filmée via
une construction esthétique du cadre. Les deux mises en scènes jouent sur une
dimension plastique et esthétique : les avions arrivent groupés en nombre de
manières symétriques (un peu dans le même style de mouvement que dans le Jour
le plus long). Nous voyons aussi une vue en contre-plongée et un mouvement de
travelling arrière, lorsque les parachutistes descendent des avions (toujours dans un
cadre symétrique). Le plan d'atterrissage des parachutistes par milliers dans le ciel
est construit de manière stylistique comme chez Claude Lelouch.

De plus Un pont trop loin, alterne également des vues en plans d’ensembles
et plans rapprochés. Ce film dont l'action se passe après le débarquement
normand, montre une vision héroïque et épique du débarquement hollandais. Ce
n'est que les plans finaux du film qui montrent que ce débarquement est un échec.
Comme dans Le Jour le plus long et Les Misérables, on peut noter une utilisation
importante de la musique extra diégétique. Aussi la dimension épique, se retrouve
dans la séquence où les soldats débarquent sur la plage. Celle-ci fait également
écho au film de Claude Lelouch.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 83
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