Page 134 - I008786_BAT
P. 134
P is tu sais quoi papa, avec Tim’ on est très contents que tu sois
là. Une soirée mecs tous les 3, c’est jamais arrivé je crois.
Tony se mit à pleurer, à s’effondrer, à s’immerger dans sa mé-
diocrité. Ses enfants furent un peu étonnés, mais sans tergiverser,
ils se levèrent pour câliner leur papounet. Les gosses n’ont vrai-
ment pas d’amour propre, pas de rancune, pas de rancœur. Juste
des êtres conçus pour aimer leurs parents sans réflexion, en toute
fraîcheur. Puis ils grandissent et se souviennent. Tombent les ju-
gements, s’ouvre le néant. Il est l’heure de passer à la caisse et de
justifier son bilan.
Rien ne se rattrape. Une absence ne se compense pas. Tony le
savait tellement. Lors de cette soirée, l’enfant c’était lui. Il se de-
vait d’apprendre. De se trouver un espace. Du donnant-donnant,
comme le groupe britannique… haaa non c’est Duran Duran, dé-
cidément. Tous les 3 étaient sur un trapèze se balançant en haut
d’une falaise. Ils devaient se faire de la place, trouver le rôle de
chacun, ne pas rester en surface. Sa mère ne l’avait pas abandon-
né. Pour lui la vie allait commencer. Son avenir n’était plus jauni.
Et son passé sortait de l’oubli.
Tony & Jean-Laurent
Alors que sa chérie avait prolongé son arrêt maladie, Tony trouvait
qu’il était temps pour lui de retourner chez Jeune&Fun Comm’,
l’agence qui exploitait son génie. Ce lundi, une fois les pieds dans
le 8e arrondissement de Paris, il commença à douter. Il se sentait
encore très fébrile à cause de tout ce qui lui était arrivé. Pour
l’attentat, les gens savaient. La télé en parlait à longueur de jour-
née. Mais pour l’assassinat de sa maman quasi 30 ans auparavant,
même sa femme n’était pas au courant. Ces deux plaies, ces deux
blessures, pouvaient saigner à tout moment.
Dans l’espace lounge pour prendre le café, ça rigolait, ça se dra-
gouillait. On ironisait sur la campagne que venait de ficeler Eu-
roRSCG. Sur le fait qu’il était temps pour eux d’avoir enfin des
idées. Et puis ça se dragouillait et ça rigolait.
134
là. Une soirée mecs tous les 3, c’est jamais arrivé je crois.
Tony se mit à pleurer, à s’effondrer, à s’immerger dans sa mé-
diocrité. Ses enfants furent un peu étonnés, mais sans tergiverser,
ils se levèrent pour câliner leur papounet. Les gosses n’ont vrai-
ment pas d’amour propre, pas de rancune, pas de rancœur. Juste
des êtres conçus pour aimer leurs parents sans réflexion, en toute
fraîcheur. Puis ils grandissent et se souviennent. Tombent les ju-
gements, s’ouvre le néant. Il est l’heure de passer à la caisse et de
justifier son bilan.
Rien ne se rattrape. Une absence ne se compense pas. Tony le
savait tellement. Lors de cette soirée, l’enfant c’était lui. Il se de-
vait d’apprendre. De se trouver un espace. Du donnant-donnant,
comme le groupe britannique… haaa non c’est Duran Duran, dé-
cidément. Tous les 3 étaient sur un trapèze se balançant en haut
d’une falaise. Ils devaient se faire de la place, trouver le rôle de
chacun, ne pas rester en surface. Sa mère ne l’avait pas abandon-
né. Pour lui la vie allait commencer. Son avenir n’était plus jauni.
Et son passé sortait de l’oubli.
Tony & Jean-Laurent
Alors que sa chérie avait prolongé son arrêt maladie, Tony trouvait
qu’il était temps pour lui de retourner chez Jeune&Fun Comm’,
l’agence qui exploitait son génie. Ce lundi, une fois les pieds dans
le 8e arrondissement de Paris, il commença à douter. Il se sentait
encore très fébrile à cause de tout ce qui lui était arrivé. Pour
l’attentat, les gens savaient. La télé en parlait à longueur de jour-
née. Mais pour l’assassinat de sa maman quasi 30 ans auparavant,
même sa femme n’était pas au courant. Ces deux plaies, ces deux
blessures, pouvaient saigner à tout moment.
Dans l’espace lounge pour prendre le café, ça rigolait, ça se dra-
gouillait. On ironisait sur la campagne que venait de ficeler Eu-
roRSCG. Sur le fait qu’il était temps pour eux d’avoir enfin des
idées. Et puis ça se dragouillait et ça rigolait.
134