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nd on a la bouche pleine, généralement, on l’ouvre moins !
Les intentions de vote gonflaient et ce qui paraissait insensé
4 mois auparavant devenait une réalité. Bertille était donnée vain-
queure dans tous les sondages régionaux. Mais Bertille n’était pas
là. Disparue la Bertille.
« Elle est où d’ailleurs Bertille ? ». Voilà la question à laquelle
Béa et Émelyne répondaient continuellement.
« Elle se ressource, pour mieux finir la course ! ». Et pour le mo-
ment ça passait. Cette pirouette convenait. Les gens repartaient
heureux d’avoir été écoutés.

Tous les matins, Béatrice appelait Marge pour prendre des nou-
velles. Tous les matins, elle s’entendait dire que la duchesse se por-
tait bien mais qu’un retour au monde normal n’était pas encore
envisagé. Qu’elle avait encore besoin de rester isolée, de se reposer.
Alors les deux jeunes femmes s’activaient à cacher la réalité.
Elles apprenaient leur futur métier.

Bertille & Marge

Elle ne pouvait pas se lasser en regardant la mer. C’était comme
un conte pour enfant, ça lui ouvrait l’imagination. Une fois ré-
veillée, Marge remontait le store électrique de la baie vitrée et se
posait dans son petit bout de jardin bardé de rochers. La veille,
elle avait rempli son poêle à granules afin de n’avoir plus qu’à
l’allumer. Elle aurait préféré y mettre des bûches mais cette ins-
tallation était plus économique et plus écologique. Crotte de bi-
que ! La cafetière se raclait la tuyauterie pour prévenir que son
job était accompli. La vieille dame remplissait son mug à moitié
et ressortait tout emmitouflée contre vents et marées.
De sa naissance à aujourd’hui, tout avait été tellement dense
qu’au moindre moment d’introspection, Marge plongeait tout na-
turellement dans des phases de mysticisme. Elle se baladait dans
les profondeurs de son esprit avec l’aisance d’un chaman. Sa
main touchait des fleurs et l’air la nourrissait. Dans ce monde qui

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