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ia leva immédiatement les yeux. Enregistra le fichier sur
lequel elle était en train de travailler. Replia l’écran sur le cla-
vier. Ce nom, elle le connaissait. Elle l’avait déjà noté dans son
carnet. En fronçant légèrement les sourcils en signe de concen-
tration, elle eut une vision. Spinozi = blessé attentat = victime
mais en vie.

— E nchantée, je m’appelle Rokia. Moi aussi je suis venue aider
la candidate. Je gère depuis ce matin toute la comptabilité.

— E h bien bon courage, c’est la partie la moins rigolote, non ?
— H onnêtement j’aime bien tout ce qui est chiffres, ça m’apaise.

Et puis quand on sait lire des bilans comptables, des débits,
des soldes et des comptes de résultats et bien en fait, on peut
s’imaginer la vie qui correspond avec tout ça.
— V ous m’en direz tant… Vous rêvez grâce à des colonnes dans
un tableur Excel.
— Ç a peut m’arriver… je dois l’avouer.
— E t avec les chiffres de Bertille, vous percevez quoi ? glissa
Alex comme si de rien n’était.
— E h bien je vois une femme déterminée qui met l’argent où il
doit être. Mais aussi, et ça va peut-être vous étonner, une per-
sonnalité discrète et assez secrète.
Les globes oculaires du jeune homme devinrent des sphères.
— S ecrète, c’est-à-dire ?
— J e ne sais pas trop encore et puis je n’ai pas le droit d’en
parler… Mais je sais qu’en me posant un peu sur tout ça, je
connaîtrai beaucoup mieux que quiconque cette femme admi-
rable. C’est ce qui me motive en fait.

Alors là, ça commençait à intéresser l’amoureux transi. Vouloir
charmer avec de la poésie mais y arriver grâce à des actifs et des
produits. Il en était tout ébahi.
Il reprit un café, s’assit et commença à papoter, à faire la conver-
sation.
Rokia, calme comme un ruisseau de volcan, n’en espérait pas
tant.

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