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ès. Voilà tout le déroulé de ces derniers jours passés. Un enfer.
Une accumulation de merdes.
Bertille était responsable, mais à ses yeux, pas coupable. Pas to-
talement. En fait elle n’en savait plus rien du tout. Les 3 drôles de
dames étaient là, encastrées dans ces sièges de cuir beige cousus à
la main, filant sur la route comme on tire vers son destin !
Marge avoua qu’elle avait détesté l’ambiance puante de cette soi-
rée et qu’elle n’était venue que pour le Steinway.
Béatrice raconta sa descente. Cette pente lente et harassante. Les
cachetons à en pleuvoir et cette solitude dans le noir. Dit aussi à
quel point le flyer, avec le jeu de mots sur la béquille, lui apporta
une lueur et ne la fit pas partir en vrille.
Vernon, Mantes-la-Jolie, Versailles, Boulogne Billancourt.
Le trajet avait été rapide. Toutes les 3 arrivèrent vidées. Deux
hommes prirent les sacs dans le coffre et demandèrent qu’on les
suive. L’ambiance était totalement années 30. De l’art décoratif
par excellence. Sol en ciment peint, papier au mur graphique et
chargé. Fauteuils aux pieds en acier. Table basse pour poser sa
tasse de thé. Elles commandèrent toutes les 3 un alcool fort. Be-
soin de nettoyer, envie d’un réconfort. Puis du silence, tellement
de silence que les pensées se percevaient. Elles se firent masser,
câliner, huiler, chouchouter, dorloter comme de grandes blessées.
Une heure pour se réapproprier leur peau, leur membres, leurs os.
Chacune en maillot, elles s’immergèrent dans cet immense bassin
où l’on noie son chagrin, dilue ses intestins, oublie son conjoint.
Une piscine dans laquelle on se souvient. Bertille, Béatrice et
Marge nagèrent comme des nouvelles nées. La route du retour fut
de grâce et sans tambour. Une fois dans leur lit, elles se dirent que
dorénavant elles étaient liées pour la vie.
Émelyne
Cette ville s’étalait tellement qu’elle en perdait son goût. De son
panneau d’entrée jusqu’à la plage, il y avait bien 8 kilomètres.
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Une accumulation de merdes.
Bertille était responsable, mais à ses yeux, pas coupable. Pas to-
talement. En fait elle n’en savait plus rien du tout. Les 3 drôles de
dames étaient là, encastrées dans ces sièges de cuir beige cousus à
la main, filant sur la route comme on tire vers son destin !
Marge avoua qu’elle avait détesté l’ambiance puante de cette soi-
rée et qu’elle n’était venue que pour le Steinway.
Béatrice raconta sa descente. Cette pente lente et harassante. Les
cachetons à en pleuvoir et cette solitude dans le noir. Dit aussi à
quel point le flyer, avec le jeu de mots sur la béquille, lui apporta
une lueur et ne la fit pas partir en vrille.
Vernon, Mantes-la-Jolie, Versailles, Boulogne Billancourt.
Le trajet avait été rapide. Toutes les 3 arrivèrent vidées. Deux
hommes prirent les sacs dans le coffre et demandèrent qu’on les
suive. L’ambiance était totalement années 30. De l’art décoratif
par excellence. Sol en ciment peint, papier au mur graphique et
chargé. Fauteuils aux pieds en acier. Table basse pour poser sa
tasse de thé. Elles commandèrent toutes les 3 un alcool fort. Be-
soin de nettoyer, envie d’un réconfort. Puis du silence, tellement
de silence que les pensées se percevaient. Elles se firent masser,
câliner, huiler, chouchouter, dorloter comme de grandes blessées.
Une heure pour se réapproprier leur peau, leur membres, leurs os.
Chacune en maillot, elles s’immergèrent dans cet immense bassin
où l’on noie son chagrin, dilue ses intestins, oublie son conjoint.
Une piscine dans laquelle on se souvient. Bertille, Béatrice et
Marge nagèrent comme des nouvelles nées. La route du retour fut
de grâce et sans tambour. Une fois dans leur lit, elles se dirent que
dorénavant elles étaient liées pour la vie.
Émelyne
Cette ville s’étalait tellement qu’elle en perdait son goût. De son
panneau d’entrée jusqu’à la plage, il y avait bien 8 kilomètres.
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