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pote à volonté. Ici, les filles devaient travailler et contribuer
un minimum à leur vie en communauté. Danseuse, comédienne,
chanteuse, dactylo, vendeuse et filles de joie lors d’occasions
volées. Marge ne jugeait pas et n’avait rien contre le libertinage
rémunéré. Les demoiselles faisaient exactement ce qu’elle vou-
laient. Sauf se droguer. Il était formellement interdit de se dro-
guer. Il y avait des fêtes, de grosses soirées, de l’alcool souvent à
volonté. L’herbe n’était pas encore démocratisée mais Marge et
Hélène se grillaient un Zamal quand elles en avaient l’opportuni-
té. La vie était glorieuse, le quotidien léger et cette grande famille
assez décalée. Il fallait bien l’avouer.
Elle n’avait pas eu la facilité de tomber dans les tons orientaux.
Et puis, tout le monde s’extasiait sur Shalimar. Pour Marge, le
vétiver était une seconde peau. 4 micro-gouttes la faisaient sor-
tir du brouillard. La jeune femme ne se comportait pas de la
même façon, avec et sans. Ce parfum était comme un costume
de scène. Ce n’est pas elle qui portait cette fragrance, mais bien
l’inverse, devenant aérienne. Capiteux, onctueux et précieux,
c’est Cary qui la serrait dans ses bras. Marge lui avait emprun-
té un matin, elle orchestrait sa présence ici-bas. Fugace, corsé
et poivre vert, tous ses mouvements s’appropriaient l’air. Pou-
vaient glisser vers l’ambre gris, pour se faire bercer par la mer.
Elle aimait ce moment unique, où d’une touche, tout se fixait.
Où son cerveau se dirigeait vers le primate qu’il était. Aucune
pensée, ni réflexion, juste un frisson, une émotion. Ce voyage
était un aller, sans retour, sans se justifier. De cette empreinte
surgissent l’amour, le passé, les fantasmes tour à tour. L’œil du
cyclone dans ses entrailles, ventilait et perçait les murailles.
Changer d’odeur la rendrait triste, comme une douleur animale,
une usurpation, une illusionniste. Elle s’emmitouflait dans ce
graal qui la décrivait mieux qu’un psyché.
Dans la casbah, chacune savait si Marge était là. Toutes se fai-
saient envoûter par l’essence de sa présence. Sur sa table de nuit
trônait un flacon Abeille Blanche de Guerlain. Lever son bouchon
en pommeau, c’était effleurer la lampe d’Aladin. Cette verrerie
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un minimum à leur vie en communauté. Danseuse, comédienne,
chanteuse, dactylo, vendeuse et filles de joie lors d’occasions
volées. Marge ne jugeait pas et n’avait rien contre le libertinage
rémunéré. Les demoiselles faisaient exactement ce qu’elle vou-
laient. Sauf se droguer. Il était formellement interdit de se dro-
guer. Il y avait des fêtes, de grosses soirées, de l’alcool souvent à
volonté. L’herbe n’était pas encore démocratisée mais Marge et
Hélène se grillaient un Zamal quand elles en avaient l’opportuni-
té. La vie était glorieuse, le quotidien léger et cette grande famille
assez décalée. Il fallait bien l’avouer.
Elle n’avait pas eu la facilité de tomber dans les tons orientaux.
Et puis, tout le monde s’extasiait sur Shalimar. Pour Marge, le
vétiver était une seconde peau. 4 micro-gouttes la faisaient sor-
tir du brouillard. La jeune femme ne se comportait pas de la
même façon, avec et sans. Ce parfum était comme un costume
de scène. Ce n’est pas elle qui portait cette fragrance, mais bien
l’inverse, devenant aérienne. Capiteux, onctueux et précieux,
c’est Cary qui la serrait dans ses bras. Marge lui avait emprun-
té un matin, elle orchestrait sa présence ici-bas. Fugace, corsé
et poivre vert, tous ses mouvements s’appropriaient l’air. Pou-
vaient glisser vers l’ambre gris, pour se faire bercer par la mer.
Elle aimait ce moment unique, où d’une touche, tout se fixait.
Où son cerveau se dirigeait vers le primate qu’il était. Aucune
pensée, ni réflexion, juste un frisson, une émotion. Ce voyage
était un aller, sans retour, sans se justifier. De cette empreinte
surgissent l’amour, le passé, les fantasmes tour à tour. L’œil du
cyclone dans ses entrailles, ventilait et perçait les murailles.
Changer d’odeur la rendrait triste, comme une douleur animale,
une usurpation, une illusionniste. Elle s’emmitouflait dans ce
graal qui la décrivait mieux qu’un psyché.
Dans la casbah, chacune savait si Marge était là. Toutes se fai-
saient envoûter par l’essence de sa présence. Sur sa table de nuit
trônait un flacon Abeille Blanche de Guerlain. Lever son bouchon
en pommeau, c’était effleurer la lampe d’Aladin. Cette verrerie
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