Page 270 - LAY
P. 270
moires d’un horsain sortie d’Yvetot. Nous étions voisins de Monique Sarron d’un
côté, et des Vareillaud (puis des Desmarest) de l’autre. Ma
Michel Berjon
ÅTTM)VVMILWZIQ\ZMOIZLMZ[M[®KWXQVM[TM[^IKPM[¯LIV[TM
Yvetot est une étape importante, un tournant dans ma champ derrière la maison. Nous avions une vue sur l’arrière
« carrière ». C’est dans ce lycée que j’ai exercé de septembre du vieux bâtiment du lycée, celui de 1932. Je me souviens,
1981 à juin 1989 (les années Chabanel-Juhel) comme l’hiver 1981-82, avoir marché à travers ce champ enneigé
PEC (professeur d’éducation culturelle). Mon premier poste pour rejoindre le lycée et éviter les glissades sur la route. Je
après deux ans de formation à l’INPSA de Dijon. J’avais me souviens aussi de la grande tempête de 1987 où un arbre
avait percé le toit de voisins.
KZIQV\LMLM^WQZU¼M`QTMZMV+PIUXIOVM)ZLMVVMLuÅKQ\IQZM
en titulaires, mais heureusement l’élection de Mitterrand ,M8-+o8+-)-;+
nous avait permis de choisir entre un plus grand nombre de En tant que prof, mes années yvetotaises ne sont pas
postes. Ma compagne Ellen, venant du Danemark, avait
repéré en Yvetot une terre danoise – à juste titre : « Yvo KMTTM[Y]MRMXZuNvZMj\IV\[M]TXZWN MVXW[\MoA^M\W\RMUM
tofta » veut dire « le domaine d’Yvo », bras droit du Viking sentais isolé dans mon « bâtiment socio » laid et froid. Avec
Rollon, premier duc de Normandie. Elle a, du reste, regretté
le climat cauchois quand nous sommes ensuite partis à TIVIQ[[IVKMLMUM[ÅTTM[MV! M\! ]VMuXWY]MW„
Nantes pour mes vingt dernières années d’enseignement. le congé de paternité n’existait pas), j’ai préféré réduire notre
train de vie et prendre du retard pour mes points de retraite
J’avais auparavant été maître-auxiliaire quatre ans au plutôt que de rater leurs premières années. J’ai donc fait
valoir la toute nouvelle loi sur le temps partiel (d’abord à
6M]JW]ZO W„ TM[ +)8) U¼I^IQMV\ JQMV NIQ\ [W]‫ٺ‬ZQZ -V 70 % puis à 80 %). Ainsi, je travaillais l’après-midi et
arrivant à Yvetot, j’ai donc été satisfait de ne plus avoir à en soirée et restais à la maison le matin pendant qu’Ellen
les supporter. Dans le courant de mes années yvetotaises, j’ai travaillait comme archiviste à la mairie. J’ai été déçu de ne
bien sûr gardé les BEPA, mais j’ai fait connaissance avec pas voir créé au lycée un autre poste d’ESC à cette occasion.
des BTAG (j’y reviendrai). Lorsque je suis parti à Nantes-
Saint-Herblain, j’ai apprécié de ne plus avoir à supporter L’autre fait marquant ces années 1980, c’est le
les BEPA, et en échange, j’ai découvert avec plaisir les BTS changement concernant ma discipline, l’ESC (éducation
Aménagement paysager. socio-culturelle). Elle était en sursis quand je suis arrivé.
Par exemple, en 1978, il n’y avait eu au concours PEC que
J’avoue donc avoir apprécié mon retour dans l’Ouest, dans trois postes pour toute la France, et cinq en 1979 lorsque
la ville où j’avais fait mes études universitaires. D’autant j’ai été reçu… On annonçait la mort de cette discipline qui
plus qu’étant Vendéen aux cheveux bien noirs, j’avais eu n’existait que dans l’enseignement agricole public. Mais la
création en 1980 d’un nouveau corps PCETA, incluant les
XIZNWQ[oA^M\W\T¼QUXZM[[QWVLu[IOZuIJTML¼I^WQZI‫ٺ‬IQZMo animateurs socio-culturels des collèges agricoles, et quelques
des élèves assez xénophobes vis-à-vis des “horsains”. En années plus tard la réforme du contrôle continu ont changé la
revanche, à Nantes, jamais un élève ne m’a demandé si donne. En devenant, de fait, matière à examen par le biais
j’étais vraiment Français ! (Paradoxalement, Ellen n’avait
jamais eu droit à ce type de remarque en terre cauchoise).

Pendant ces années, nous occupions un logement de
fonction route d’Auzebosc, dans le premier pavillon après la

268
   265   266   267   268   269   270   271   272   273   274   275