Page 37 - memoire_lelouch_v2
P. 37
Nous pouvons admettre que globalement la musique est en corrélation
avec l’image. Nous retrouvons le même dynamisme de mise en scène que dans les
deux autres films. Toutefois, Il convient de noter que Claude Lelouch reprend ainsi
des aspects similaires en essayant de renouveler son style. La voix off ou hors
champ joue également un rôle primordial pour témoigner ou créer un décalage sur
l’image.

De plus comme dans Partir Revenir, nous avons l’impression de rythme et
de dynamisme spontanée via un montage efficace. Le réalisateur retravaille l’idée
des Uns et les autres pour les destins fictifs et évènements réalistes qui
s’entrecroisent. Lelouch livre toutefois ici un film à la fois unique sans que nous
ayons une sensation de déjà vu. Les Misérables clôt sa « trilogie » avec sincérité :
s’il s’inspire des deux autres films, sa vision de l’Histoire demeure cependant
réadaptée : la séquence du débarquement par exemple, est beaucoup plus intense
que dans les Uns et les autres. Si dans le premier film, le spectateur était guidé via
la voix off subjective, cette fois ci, il vit ce film de manière frontale due à la
force de la musique et des images sans compromis (un peu comme pour la
séquence de la rafle de Partir Revenir).

Mais la grande nouveauté du film réside dans la réflexion apportée aux
images : les Misérables n'est pas qu’un simple film de guerre : il réfléchit sur
l'Histoire du cinéma et de la Littérature.

Le film joue sur les images et les différents niveaux de récits : nous
voyons ainsi des clins d'oeil à des films célèbres au sein même de la diégèse, puis
nous remarquons des séquences illustrant le roman de Victor Hugo Les Misérables.
L'intérêt du film est donc de valser avec les temps, époques et style différents.
Lelouch s'imprègne des Misérables : la parole du livre devient image. Toutefois,
lorsque le spectateur voit les passages se référant à cette oeuvre, très vite le
montage alterné fait des parallèles avec l'époque et les personnages du film. Si le
début précise qu'il s'agit d'une libre adaptation, il faut noter que Lelouch se sert
du roman pour en faire sa propre interprétation.

Comme le précise le personnage d’André Ziman juif « l'époque dans
laquelle on vit est la plus misérable de tous ». Transposer l'Histoire des Misérables
au XXe siècle est un moyen pour le réalisateur de repenser les faits marquants de
celui-ci.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 35
   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41   42