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Si Victor Hugo vous avait connu, il aurait été chorégraphe ou quelque chose
comme ça. » A la fin de la séquence, le spectateur comprend que les deux
protagonistes sont en train de tomber amoureux.
La voix off du réalisateur lui–même, intervient pour témoigner sur l’histoire en train
de se dérouler : « c'est le même soir et presque à la même heure, qu'Henri Fortin
abandonna la boxe (…) nous sommes en 1931, Quelques années encore allait nous
séparer de ce qui allait être la plus grande misère. »
Ainsi dès le plan suivant, nous entrons dans la période de la Seconde
Guerre mondiale, et plus précisément celle de l’occupation (nous remarquons en
arrière-plan le drapeau nazi et quelques officiers allemands) ; le personnage d'Henri
Fortin vieilli devenu déménageur, fait à nouveau son apparition (il sera interprété
par Jean-Paul Belmondo, faisant déjà le rôle du père d'Henri au début du film).
Celui-ci dialogue avec un de ses collègues et relate son combat de boxe sous la
neige en 1918. Il déménage un piano pour les réceptions allemandes. La caméra
isole très vite un personnage, celui d'un évêque (incarné par Jean Marais) : il
s'adresse à un officier allemand avec un visage grave et ferme (filmé en plan
rapproché dans une lumière épurée) : « il n’y à qu’une solution général, c’est que
vous libériez les otages que vous avez pris au hasard ». Alors que celui- ci exprime
son mécontentement, un parallèle avec l’œuvre d’Hugo s’affirme : en effet, un
homme se trouve coincé sous le piano par inattention. C'est Henri Fortin qui lèvera
celui-ci à bout de bras pour libérer la personne, comme Jean Valjean qui souleva
une charrette.
Dès la séquence suivante, le parallèle entre Jean Valjean et Henri Fortin
continue, puisque un libraire raconte la personnalité de celui-ci à Henri.
Nous sommes toujours sous l'occupation étant donné que nous voyons dès les
premiers plans le drapeau nazi flottant près de la tour Eiffel. Le personnage du
libraire est campé par Darry Cowl. La mise en scène insiste sur l'intimité de la
situation en cadrant en plan rapproché les deux personnages ou en les filmant à
tour de rôle via un champ contre champ et gros plan. Cette séquence a pour but
d’affirmer avec humour (via l'excentricité du libraire) que l'oeuvre d’Hugo et le film
des Misérables se rejoigne dans une même cohérence, comme le précise le
dialogue suivant du libraire : «je veux dire (…) à une époque la charrette était à la
mode, maintenant ce sont les pianos. » Cette séquence apparemment anodine
permet aussi de donner une touche de légèreté dans une période noire.
Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 38
comme ça. » A la fin de la séquence, le spectateur comprend que les deux
protagonistes sont en train de tomber amoureux.
La voix off du réalisateur lui–même, intervient pour témoigner sur l’histoire en train
de se dérouler : « c'est le même soir et presque à la même heure, qu'Henri Fortin
abandonna la boxe (…) nous sommes en 1931, Quelques années encore allait nous
séparer de ce qui allait être la plus grande misère. »
Ainsi dès le plan suivant, nous entrons dans la période de la Seconde
Guerre mondiale, et plus précisément celle de l’occupation (nous remarquons en
arrière-plan le drapeau nazi et quelques officiers allemands) ; le personnage d'Henri
Fortin vieilli devenu déménageur, fait à nouveau son apparition (il sera interprété
par Jean-Paul Belmondo, faisant déjà le rôle du père d'Henri au début du film).
Celui-ci dialogue avec un de ses collègues et relate son combat de boxe sous la
neige en 1918. Il déménage un piano pour les réceptions allemandes. La caméra
isole très vite un personnage, celui d'un évêque (incarné par Jean Marais) : il
s'adresse à un officier allemand avec un visage grave et ferme (filmé en plan
rapproché dans une lumière épurée) : « il n’y à qu’une solution général, c’est que
vous libériez les otages que vous avez pris au hasard ». Alors que celui- ci exprime
son mécontentement, un parallèle avec l’œuvre d’Hugo s’affirme : en effet, un
homme se trouve coincé sous le piano par inattention. C'est Henri Fortin qui lèvera
celui-ci à bout de bras pour libérer la personne, comme Jean Valjean qui souleva
une charrette.
Dès la séquence suivante, le parallèle entre Jean Valjean et Henri Fortin
continue, puisque un libraire raconte la personnalité de celui-ci à Henri.
Nous sommes toujours sous l'occupation étant donné que nous voyons dès les
premiers plans le drapeau nazi flottant près de la tour Eiffel. Le personnage du
libraire est campé par Darry Cowl. La mise en scène insiste sur l'intimité de la
situation en cadrant en plan rapproché les deux personnages ou en les filmant à
tour de rôle via un champ contre champ et gros plan. Cette séquence a pour but
d’affirmer avec humour (via l'excentricité du libraire) que l'oeuvre d’Hugo et le film
des Misérables se rejoigne dans une même cohérence, comme le précise le
dialogue suivant du libraire : «je veux dire (…) à une époque la charrette était à la
mode, maintenant ce sont les pianos. » Cette séquence apparemment anodine
permet aussi de donner une touche de légèreté dans une période noire.
Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 38