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1992, Louise était montée dans sa Twingo toute flambante. Elle
l’avait prise en vert. Ce qu’elle aimait dans cette bagnole c’était
sa bobine sympatoche, son cadran digital et le fait de pouvoir
avancer les sièges arrières. Ce qu’elle détestait, c’était tout le
reste. Quand Tony était petit garçon, il adorait sa voiture. Cette
Renault ne ressemblait pas à une auto mais plus à un dessin animé
des années 80. Le gamin était persuadé que tous les deux com-
muniquaient. Il en était certain. Dès que Tony s’en approchait, ses
deux phares clignotaient.
Il faisait encore très chaud pour un mois septembre. Les grandes va-
cances étaient passées. Petit Toto avait dû faire sa rentrée à l’école
François Rabelais. Le directeur avait changé. Un grand connard ar-
rogant avait remplacé un petit teigneux humiliant. Heureusement,
il y avait la cour de récré. Une fois son fils déposé, Louise lui en-
voya un baiser dans la main comme tous les matins. Attendit que la
cloche sonne et démarra son bolide direction la plage.
À 8 ans, on se souvient parfaitement de la dernière fois où l’on
voit sa maman. Ensuite plus rien.
Elle ne vint pas le chercher. Louise n’était pas là pour la soirée, ni
pour le petit-déjeuner. Bernard, le père de Tony, n’avait pas l’air
inquiet. « Ta mère est une grande fille, elle sait ce qu’elle fait ».
Le lendemain idem, le surlendemain, idem. Tout devenait idem.
Elle avait pourtant déposé un joli paquet sur le buffet pour l’anni-
versaire de son fils adoré. Pouf, adieu, plus jamais de nouvelles.
Le petit garçon s’était retrouvé face à une violence inouïe lors-
qu’il avait tenté de poser une question, avoir une information.
Son daron lui disait que ce n’était pas ses oignons. Sa maman
s’évaporait et Tony devait tout accepter sans broncher. Il aurait
préféré se faire écraser, sauter sous un TGV. Là, il devait attendre
que rien ne se passe. Durant un mois, son entourage en parla un
peu, puis plus rien. Sa mère n’avait jamais existé.
Lui, il était pourtant bien là. Au milieu de tous ces êtres nés grâce
à un papa et une maman. Mais il était dorénavant acté que Tony
serait différent. Quand il disait à Bernard qu’il se sentait orphelin,
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1992, Louise était montée dans sa Twingo toute flambante. Elle
l’avait prise en vert. Ce qu’elle aimait dans cette bagnole c’était
sa bobine sympatoche, son cadran digital et le fait de pouvoir
avancer les sièges arrières. Ce qu’elle détestait, c’était tout le
reste. Quand Tony était petit garçon, il adorait sa voiture. Cette
Renault ne ressemblait pas à une auto mais plus à un dessin animé
des années 80. Le gamin était persuadé que tous les deux com-
muniquaient. Il en était certain. Dès que Tony s’en approchait, ses
deux phares clignotaient.
Il faisait encore très chaud pour un mois septembre. Les grandes va-
cances étaient passées. Petit Toto avait dû faire sa rentrée à l’école
François Rabelais. Le directeur avait changé. Un grand connard ar-
rogant avait remplacé un petit teigneux humiliant. Heureusement,
il y avait la cour de récré. Une fois son fils déposé, Louise lui en-
voya un baiser dans la main comme tous les matins. Attendit que la
cloche sonne et démarra son bolide direction la plage.
À 8 ans, on se souvient parfaitement de la dernière fois où l’on
voit sa maman. Ensuite plus rien.
Elle ne vint pas le chercher. Louise n’était pas là pour la soirée, ni
pour le petit-déjeuner. Bernard, le père de Tony, n’avait pas l’air
inquiet. « Ta mère est une grande fille, elle sait ce qu’elle fait ».
Le lendemain idem, le surlendemain, idem. Tout devenait idem.
Elle avait pourtant déposé un joli paquet sur le buffet pour l’anni-
versaire de son fils adoré. Pouf, adieu, plus jamais de nouvelles.
Le petit garçon s’était retrouvé face à une violence inouïe lors-
qu’il avait tenté de poser une question, avoir une information.
Son daron lui disait que ce n’était pas ses oignons. Sa maman
s’évaporait et Tony devait tout accepter sans broncher. Il aurait
préféré se faire écraser, sauter sous un TGV. Là, il devait attendre
que rien ne se passe. Durant un mois, son entourage en parla un
peu, puis plus rien. Sa mère n’avait jamais existé.
Lui, il était pourtant bien là. Au milieu de tous ces êtres nés grâce
à un papa et une maman. Mais il était dorénavant acté que Tony
serait différent. Quand il disait à Bernard qu’il se sentait orphelin,
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