Page 128 - I008786_BAT
P. 128
re-guêpier multicolore venu se poser sur cet énorme platane, à
côté du cerisier. Alors, sans se soucier, comme si elle s’envolait,
la demoiselle s’était faufilée dans ce jardin des fées.
Son visage ne leur était pas inconnu, mais là n’était pas le sujet.
Elles verrouillèrent l’hôtel particulier, proposèrent de quoi se dé-
saltérer et s’allongèrent toutes les trois dans l’herbe fraîchement
coupée. Un moment dont on se souvient quand il ne nous reste
plus rien.
Le temps passé et de façon désorganisée, les petites pommes
revenaient chacune de leur journée. Golden fût subjuguée, faut
dire qu’elle passait le plus clair de son temps au ciné. Puis toutes
venaient halluciner, discrètement, sans se faire choper, laissant
Marge et Hélène avec leur invitée. La nuit tombée, il était évident
qu’un lit se rendrait disponible pour ne pas laisser repartir cette
convive si atypique.
Au petit matin, quand la lumière se languissait à travers les per-
siennes, la maison se réveilla dans une parenthèse. Un papier car-
tonné trônait sur le Lester, l’encre à peine séchée.
« Jamais je ne vous remercierai assez pour ce moment passé. Je
sais que sur cette terre, vous existez. Comme une oasis, un vent
d’air frais. Permettez-moi de repasser, quand ce monde voudra
une fois de plus me dévorer. BB. »
— B B ? dit Marge
— B B ? répondit Hélène
— B en oui, BB, ne me dites pas que vous ne saviez pas qui c’était,
s’insurgea Gala. « Le trou normand ». « Si Versailles m’était
conté ». « Rendez-vous à Rio ». « Les Grandes Manœuvres »
avec Gérard Philippe et Michèle Morgan, BB quoi, la nouvelle
star du cinéma.
— B B, c’est pas un nom ça, BB ?
— E t vous croyez que Boscope c’est une identité ?
Toutes les jeunes femmes autour de la table s’esclaffèrent.
— B ardot, elle s’appelle Brigitte Bardot. BB quoi !
Au fil des années, Marge et Brigitte étaient restées toujours très
liées. Même quand la star déconnait et déblatérait des horreurs à
n’en plus respirer. Marge avait en tête cet animal sauvage perdu et
128
côté du cerisier. Alors, sans se soucier, comme si elle s’envolait,
la demoiselle s’était faufilée dans ce jardin des fées.
Son visage ne leur était pas inconnu, mais là n’était pas le sujet.
Elles verrouillèrent l’hôtel particulier, proposèrent de quoi se dé-
saltérer et s’allongèrent toutes les trois dans l’herbe fraîchement
coupée. Un moment dont on se souvient quand il ne nous reste
plus rien.
Le temps passé et de façon désorganisée, les petites pommes
revenaient chacune de leur journée. Golden fût subjuguée, faut
dire qu’elle passait le plus clair de son temps au ciné. Puis toutes
venaient halluciner, discrètement, sans se faire choper, laissant
Marge et Hélène avec leur invitée. La nuit tombée, il était évident
qu’un lit se rendrait disponible pour ne pas laisser repartir cette
convive si atypique.
Au petit matin, quand la lumière se languissait à travers les per-
siennes, la maison se réveilla dans une parenthèse. Un papier car-
tonné trônait sur le Lester, l’encre à peine séchée.
« Jamais je ne vous remercierai assez pour ce moment passé. Je
sais que sur cette terre, vous existez. Comme une oasis, un vent
d’air frais. Permettez-moi de repasser, quand ce monde voudra
une fois de plus me dévorer. BB. »
— B B ? dit Marge
— B B ? répondit Hélène
— B en oui, BB, ne me dites pas que vous ne saviez pas qui c’était,
s’insurgea Gala. « Le trou normand ». « Si Versailles m’était
conté ». « Rendez-vous à Rio ». « Les Grandes Manœuvres »
avec Gérard Philippe et Michèle Morgan, BB quoi, la nouvelle
star du cinéma.
— B B, c’est pas un nom ça, BB ?
— E t vous croyez que Boscope c’est une identité ?
Toutes les jeunes femmes autour de la table s’esclaffèrent.
— B ardot, elle s’appelle Brigitte Bardot. BB quoi !
Au fil des années, Marge et Brigitte étaient restées toujours très
liées. Même quand la star déconnait et déblatérait des horreurs à
n’en plus respirer. Marge avait en tête cet animal sauvage perdu et
128