Page 13 - I008786_BAT
P. 13
ande, basculait sa play list Deezer du jeudi - Les Enfoirés Live -
et posait un index manucuré sur le OK de son GPS pour aller vers
une nouvelle destination ! C’était la Gertrude Bell des quartiers
chics. Elle n’était pas contre les analyses délicates d’Éric Zeymour,
même s’il avait de très gros sourcils et qu’il était sacrément moche,
ça devait justifier sa méchanceté gratuite. Elle trouvait qu’il disait
tout haut ce qu’elle n’arrivait même pas à penser tout bas, c’était
dire l’intelligence du gars ! De toute façon, les journalistes étaient
tous des menteurs, elle l’avait lu sur la page Facebook de sa copine
Agnès. Depuis, elle en était persuadée, la presse faisait partie de la
machine ! Quand on lui demandait « mais quelle machine ? », elle
déclenchait un regard et un petit signe de tête faisant comprendre
qu’on le saurait bien assez tôt. Émelyne tournait ses talons, toujours
un peu trop grands et souriait en pensant une fois de plus qu’être
aussi maligne n’était pas donné à tout le monde. Elle planait dans
son monde où les mecs allaient à la salle de sport le torse épilé et les
filles buvaient un mojito à 13 balles en fumant des Vogue menthol.
L’anse de son sac était ficelée à son avant-bras et son cul dessinait
un huit virtuel tous les deux pas. Des gros nazes pensaient qu’elle
parlait souvent toute seule, alors qu’elle avait en fait des AirPods
greffés sous son tie&dye. Émelyne était sur son tapis volant slalo-
mant entre télé-réalité et Valeurs Actuelles. Elle adorait les petits
chiens mais c’était trop de responsabilités, pis son amoureux n’en
voulait pas car pour lui c’était trop de responsabilités… ils étaient
faits l’un pour l’autre.
Tibo s’appelait en fait Renaud, mais toute sa jeunesse on lui avait
fait des blagues sur les bagnoles et sur le vieux chanteur alcoolo
avec un bandana. Donc sur son CV, il avait écrit Tibo parce qu’il
n’était pas très grand et qu’il se trouvait canon ! En entrant pour
la première fois chez ImmoYoupi, ses petits mocassins en daim
saignaient ses pieds. Son pantalon serré aux chevilles lui faisait
de grosses cuisses et lui moulait sacrément les couilles. Y trouvait
ça sexy. T-shirt col V au nombril, tatouages maoris, barbe taillée
quotidiennement et sculpturaux cheveux lui donnaient une assu-
rance hors norme. Son mètre soixante-treize ne lui posait pas de
problème, il avait même réussi à se convaincre que c’était une
qualité, sauf pour attraper sa confiture préférée à Monoprix.
13
et posait un index manucuré sur le OK de son GPS pour aller vers
une nouvelle destination ! C’était la Gertrude Bell des quartiers
chics. Elle n’était pas contre les analyses délicates d’Éric Zeymour,
même s’il avait de très gros sourcils et qu’il était sacrément moche,
ça devait justifier sa méchanceté gratuite. Elle trouvait qu’il disait
tout haut ce qu’elle n’arrivait même pas à penser tout bas, c’était
dire l’intelligence du gars ! De toute façon, les journalistes étaient
tous des menteurs, elle l’avait lu sur la page Facebook de sa copine
Agnès. Depuis, elle en était persuadée, la presse faisait partie de la
machine ! Quand on lui demandait « mais quelle machine ? », elle
déclenchait un regard et un petit signe de tête faisant comprendre
qu’on le saurait bien assez tôt. Émelyne tournait ses talons, toujours
un peu trop grands et souriait en pensant une fois de plus qu’être
aussi maligne n’était pas donné à tout le monde. Elle planait dans
son monde où les mecs allaient à la salle de sport le torse épilé et les
filles buvaient un mojito à 13 balles en fumant des Vogue menthol.
L’anse de son sac était ficelée à son avant-bras et son cul dessinait
un huit virtuel tous les deux pas. Des gros nazes pensaient qu’elle
parlait souvent toute seule, alors qu’elle avait en fait des AirPods
greffés sous son tie&dye. Émelyne était sur son tapis volant slalo-
mant entre télé-réalité et Valeurs Actuelles. Elle adorait les petits
chiens mais c’était trop de responsabilités, pis son amoureux n’en
voulait pas car pour lui c’était trop de responsabilités… ils étaient
faits l’un pour l’autre.
Tibo s’appelait en fait Renaud, mais toute sa jeunesse on lui avait
fait des blagues sur les bagnoles et sur le vieux chanteur alcoolo
avec un bandana. Donc sur son CV, il avait écrit Tibo parce qu’il
n’était pas très grand et qu’il se trouvait canon ! En entrant pour
la première fois chez ImmoYoupi, ses petits mocassins en daim
saignaient ses pieds. Son pantalon serré aux chevilles lui faisait
de grosses cuisses et lui moulait sacrément les couilles. Y trouvait
ça sexy. T-shirt col V au nombril, tatouages maoris, barbe taillée
quotidiennement et sculpturaux cheveux lui donnaient une assu-
rance hors norme. Son mètre soixante-treize ne lui posait pas de
problème, il avait même réussi à se convaincre que c’était une
qualité, sauf pour attraper sa confiture préférée à Monoprix.
13