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titive sur le marché du travail international. Être snob n’était
pas une posture, mais bien un mode de vie. Elle le revendiquait
comme une particule, comment veux-tu ?!
Jean-Noël, Jean-Emmanuel et Jean-Daniel, ses adorables petites
têtes bouclées, se rendraient compte plus tard qu’avec un chro-
mosome X ils auraient pu s’appeler Jeanne-D’arc ou Jeanne de
Poitier, ou un truc du style et qu’au final ils ne s’en sortaient pas
si mal.
Bertille participait à la vie de la paroisse. Elle mettait régulière-
ment une bible dans la boîte à livres sur son parvis. Pouvait faire
fabriquer, sur ses deniers perso, des banderoles glorifiant la vierge
Marie. Elle aimait Dieu et il lui rendait bien. Pour Jean-Laurent,
son époux depuis 6 ans, c’était un peu différent. Il était certes,
lui aussi, très Range Rover et partie de chasse entre amis, mais
concernant l’amour du Seigneur, Jean-Lo était plus réservé. Sa
femme n’en savait rien. Il ne voulait pas la décevoir. Mais il avait
des doutes sur plein de petits détails. Et puis parfois, comme ça,
sans prévenir, il pouvait avoir des pulsions. Il savait pertinem-
ment que d’après le catéchisme de l’église catholique, les actes
d’homosexualité étaient intrinsèquement désordonnés. Ils étaient
contraires à la loi naturelle car fermaient l’acte sexuel au don de
vie. Il le savait, évidemment qu’il le savait.
Jean-Lo aimait le corps des garçons, grand, ferme et sculpté. Il
n’avait rien contre les Noirs, n’était pas fan des Asiatiques, assez
peu porté sur les Latinos. Son kiffe absolu c’était les Bataves. Il
était le seul, à sa connaissance, à payer un abonnement pour mater
la bundesliga, le championnat de foot allemand. Voir 22 blonds
d’un mètre quatre-vingt-cinq avec des cuisses saillantes, des mol-
lets de taureaux et des abdominaux gonflés à la pompe à vélo, ça
le mettait en nage. Monsieur De La Berthelière partait souvent
en séminaire. Dans une poche discrète de sa Delsey, dormait tou-
jours une boîte de capotes et une autre de Tic-tac menthe glaciale.
Ces deux-là s’aimaient à leur façon, mais ils avaient des enfants,
alors à quoi bon maintenant ? Jean-Lo vivait ses secrets et tout
était parfait dans ce monde si discret.
Bertille De La Berthelière avait arrêté de travailler. Enfin une
bonne décision. Sa maman n’avait jamais compris ce besoin
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pas une posture, mais bien un mode de vie. Elle le revendiquait
comme une particule, comment veux-tu ?!
Jean-Noël, Jean-Emmanuel et Jean-Daniel, ses adorables petites
têtes bouclées, se rendraient compte plus tard qu’avec un chro-
mosome X ils auraient pu s’appeler Jeanne-D’arc ou Jeanne de
Poitier, ou un truc du style et qu’au final ils ne s’en sortaient pas
si mal.
Bertille participait à la vie de la paroisse. Elle mettait régulière-
ment une bible dans la boîte à livres sur son parvis. Pouvait faire
fabriquer, sur ses deniers perso, des banderoles glorifiant la vierge
Marie. Elle aimait Dieu et il lui rendait bien. Pour Jean-Laurent,
son époux depuis 6 ans, c’était un peu différent. Il était certes,
lui aussi, très Range Rover et partie de chasse entre amis, mais
concernant l’amour du Seigneur, Jean-Lo était plus réservé. Sa
femme n’en savait rien. Il ne voulait pas la décevoir. Mais il avait
des doutes sur plein de petits détails. Et puis parfois, comme ça,
sans prévenir, il pouvait avoir des pulsions. Il savait pertinem-
ment que d’après le catéchisme de l’église catholique, les actes
d’homosexualité étaient intrinsèquement désordonnés. Ils étaient
contraires à la loi naturelle car fermaient l’acte sexuel au don de
vie. Il le savait, évidemment qu’il le savait.
Jean-Lo aimait le corps des garçons, grand, ferme et sculpté. Il
n’avait rien contre les Noirs, n’était pas fan des Asiatiques, assez
peu porté sur les Latinos. Son kiffe absolu c’était les Bataves. Il
était le seul, à sa connaissance, à payer un abonnement pour mater
la bundesliga, le championnat de foot allemand. Voir 22 blonds
d’un mètre quatre-vingt-cinq avec des cuisses saillantes, des mol-
lets de taureaux et des abdominaux gonflés à la pompe à vélo, ça
le mettait en nage. Monsieur De La Berthelière partait souvent
en séminaire. Dans une poche discrète de sa Delsey, dormait tou-
jours une boîte de capotes et une autre de Tic-tac menthe glaciale.
Ces deux-là s’aimaient à leur façon, mais ils avaient des enfants,
alors à quoi bon maintenant ? Jean-Lo vivait ses secrets et tout
était parfait dans ce monde si discret.
Bertille De La Berthelière avait arrêté de travailler. Enfin une
bonne décision. Sa maman n’avait jamais compris ce besoin
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