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atrice & Tony

C’est très simple, ils baisaient tout le temps. Sous la douche, en
forêt, dans leur caisse et au ciné. Ils cascadaient, se renversaient,
s’encastraient au gré du vent. Plus Béa lui baissait le froc, plus
Tony perdait ses TOC. Il n’avait pas été abandonné, il s’autorisait
donc à aimer. Béatrice s’était mutée en un joli papillon d’été. Plus
d’angoisse, plus de nuit sombre, de journée blanche, peur de son
ombre. Tim et Léo le voyaient bien, leurs parents se reprenaient la
main. Maman sortait toujours décoiffée. Sans cesse la chemise de
papa dépassait. Les week-ends étaient très attendus, pour rigoler,
jouer, dessiner. De 15 à 17 du pop-corn et un petit dessin animé.
Tony et BB laissaient leurs fils et redescendaient tout dégonflés.
Gros son à fond dans le Mercos où la famille chantait en chœur,
du IAM, du Francis Cabrel et pêchait des poissons moqueurs.
Ils avaient trouvé leur tonalité. Sans trop de bémols à la clef. Un
vrai bonheur à leur portée. Puis des soupirs surexcités quand leurs
deux gars étaient pieutés.
Merci Bertille, merci le manoir. Merci Tibo et tout ce foutoir. Les
Del’ Imaginn dansaient en tempo, voutes nues sur les braises,
la fournaise dans le dos. Tony envisageait sérieusement de dé-
missionner. Béatrice avait déjà oublié son bureau, son affiche
Decaux, ses collègues clonés et cette grande tour de l’autre côté
de l’eau.
Vers minuit, trempée sur l’oreiller, tout haut BB s’autorisait à rêver.
— U ne fois la campagne de Bertille terminée, on vote et on se

casse à Mayotte.
— C arrément, tu vois les choses comme ça ma chérie ?
— Q u’est-ce qui nous retient ici ?
— B en mon job, hé ho, je ne suis pas encore parti, même si nuit

et jour j’y réfléchis.
— T u as 3 mois pour négocier une rupture, un congé indéterminé,

fais-toi virer !
— E t comment on fera pour bouffer? C’est mon salaire qui

remplit le panier.
— T ony, j’ai envie de me casser, faire gagner Bertille et zou

décoller.

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