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la compote qui tapissait sa pâte sablée, faite au préalable
dans la matinée. Dans une platine bon marché, tournait RAM de
Paul McCartney. Le père de Stella. Une merveille enregistrée
avec l’amour de sa vie, Linda, peu après sa séparation d’avec
les 3 autres gars. Sa voix les enveloppait comme un linge propre
pour des soldats blessés. Les carreaux ruisselaient, les bour-
rasques sifflotaient. La Manche se sentait souvent sous-estimée.
Son nom ridicule y était sûrement pour quelque chose.
Les autres vastes étendues d’eau se voyaient souvent associées
au nom de mer, ou encore mieux à celui d’océan. Mer Baltique,
Mer Méditerranée, Mer du Nord, Mer Egée, Mer de Yatsushi-
ro, Océan Antartique, Océan Pacifique, Océan Indien. Putain la
classe !
Elle, et bien c’était La Manche. Comme le truc le moins impor-
tant d’un sweat. L’élément qu’on peut retirer à la première cha-
leur. L’action dégradante nécessaire quand tu n’as plus un sou.
Même pas, la Mer Manche. Non, La Manche. Impossible à po-
sitionner pour quelqu’un qui n’habite pas le nord-ouest de la
France. Et pourtant, et pourtant.
Violente autant qu’elle ne caresse,
sa houle provoquant la détresse.
Une déferlante, une avalanche,
bougeant ses reins, mouvant ses hanches.
Austère pleine de délicatesse,
s’engouffre dans la moindre faiblesse.
Au léger petit goût de vengeance,
précise comme un outil qui tranche,
Chaque instant sonne la grand-messe,
la délicatesse d’une ogresse.
Je souhaite m’envoler un dimanche,
seul en regardant La Manche.
Marge savait qu’elle avait en face d’elle sa semblable. Dure et
discrète. Capable de tempête. Calme et fuyante. Acide et muette.
La Manche aurait pu être sa mère.
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dans la matinée. Dans une platine bon marché, tournait RAM de
Paul McCartney. Le père de Stella. Une merveille enregistrée
avec l’amour de sa vie, Linda, peu après sa séparation d’avec
les 3 autres gars. Sa voix les enveloppait comme un linge propre
pour des soldats blessés. Les carreaux ruisselaient, les bour-
rasques sifflotaient. La Manche se sentait souvent sous-estimée.
Son nom ridicule y était sûrement pour quelque chose.
Les autres vastes étendues d’eau se voyaient souvent associées
au nom de mer, ou encore mieux à celui d’océan. Mer Baltique,
Mer Méditerranée, Mer du Nord, Mer Egée, Mer de Yatsushi-
ro, Océan Antartique, Océan Pacifique, Océan Indien. Putain la
classe !
Elle, et bien c’était La Manche. Comme le truc le moins impor-
tant d’un sweat. L’élément qu’on peut retirer à la première cha-
leur. L’action dégradante nécessaire quand tu n’as plus un sou.
Même pas, la Mer Manche. Non, La Manche. Impossible à po-
sitionner pour quelqu’un qui n’habite pas le nord-ouest de la
France. Et pourtant, et pourtant.
Violente autant qu’elle ne caresse,
sa houle provoquant la détresse.
Une déferlante, une avalanche,
bougeant ses reins, mouvant ses hanches.
Austère pleine de délicatesse,
s’engouffre dans la moindre faiblesse.
Au léger petit goût de vengeance,
précise comme un outil qui tranche,
Chaque instant sonne la grand-messe,
la délicatesse d’une ogresse.
Je souhaite m’envoler un dimanche,
seul en regardant La Manche.
Marge savait qu’elle avait en face d’elle sa semblable. Dure et
discrète. Capable de tempête. Calme et fuyante. Acide et muette.
La Manche aurait pu être sa mère.
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