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ne femme effaça la conversation une fois qu’elle eut l’assu-
rance de sa bonne réception. Les deux petits « V » en bas du mes-
sage s’étant colorisés.
Marge sourit légèrement. Bertille ne se rendit compte de rien.
Depuis sa plus tendre enfance Yasmina Bensaïd ressentait au
plus profond d’elle quelque chose qui la rendait différente. Cette
chose, elle l’avait domptée, s’en était accommodée après avoir
longtemps pensé que tout le monde en était doté. Il s’avéra que
non. Seules quelques tribus primitives, des animaux développés
ou des chamans l’ayant recherché savaient ce qu’était le sens de
la proximité.
Tout cela lui parut très limpide après la lecture, il y quelques années
de cela, du roman Shibumi de Trevanian. Son héros, Nikko, se ren-
dit compte en prison qu’il pouvait savoir quel geôlier venait lui ap-
porter à manger et cela bien avant que ce dernier n’ouvre sa porte.
Marge aussi, à plusieurs reprises, avait réussi ce genre d’exploit.
Dans sa maison du BoulMich elle savait toujours quelle fille était
dans les escaliers, quelle pomme était en train de s’échapper, ce
qu’allait faire Hélène quand elle s’approchait et qui était à deux
doigts de sonner à la porte d’entrée. Comme si elle lisait dans les
pensées. Un sens qu’elle avait appris à aiguiser. Elle ressentait
toutes les émotions de proximité.
Bertille était à mille lieues de s’en douter, mais Marge avait tou-
jours su que son amnésie était un coup monté, un stratagème pour
rejoindre son bien-aimé.
Rokia
Rokia avait joué et avait perdu. Quand le regard de Tony s’était
plongé dans le sien, elle s’était sentie comme un homard désigné
chez le poissonnier. Sans un mot, elle avait compris qu’il savait
tout. La terrasse de café, son piège sur ses lectures philosophiques,
l’approche de Béa en tant qu’experte en comptabilité. Mais sur-
tout, elle était persuadée qu’il avait reconnu la journaliste qu’elle
était et qui l’avait traumatisé 7 ans auparavant, en sortant articles
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rance de sa bonne réception. Les deux petits « V » en bas du mes-
sage s’étant colorisés.
Marge sourit légèrement. Bertille ne se rendit compte de rien.
Depuis sa plus tendre enfance Yasmina Bensaïd ressentait au
plus profond d’elle quelque chose qui la rendait différente. Cette
chose, elle l’avait domptée, s’en était accommodée après avoir
longtemps pensé que tout le monde en était doté. Il s’avéra que
non. Seules quelques tribus primitives, des animaux développés
ou des chamans l’ayant recherché savaient ce qu’était le sens de
la proximité.
Tout cela lui parut très limpide après la lecture, il y quelques années
de cela, du roman Shibumi de Trevanian. Son héros, Nikko, se ren-
dit compte en prison qu’il pouvait savoir quel geôlier venait lui ap-
porter à manger et cela bien avant que ce dernier n’ouvre sa porte.
Marge aussi, à plusieurs reprises, avait réussi ce genre d’exploit.
Dans sa maison du BoulMich elle savait toujours quelle fille était
dans les escaliers, quelle pomme était en train de s’échapper, ce
qu’allait faire Hélène quand elle s’approchait et qui était à deux
doigts de sonner à la porte d’entrée. Comme si elle lisait dans les
pensées. Un sens qu’elle avait appris à aiguiser. Elle ressentait
toutes les émotions de proximité.
Bertille était à mille lieues de s’en douter, mais Marge avait tou-
jours su que son amnésie était un coup monté, un stratagème pour
rejoindre son bien-aimé.
Rokia
Rokia avait joué et avait perdu. Quand le regard de Tony s’était
plongé dans le sien, elle s’était sentie comme un homard désigné
chez le poissonnier. Sans un mot, elle avait compris qu’il savait
tout. La terrasse de café, son piège sur ses lectures philosophiques,
l’approche de Béa en tant qu’experte en comptabilité. Mais sur-
tout, elle était persuadée qu’il avait reconnu la journaliste qu’elle
était et qui l’avait traumatisé 7 ans auparavant, en sortant articles
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