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rquoi garder ces traces du passé ? Tout cela n’avait plus de
sens à ses yeux. Comme une autre vie. Comme s’il n’avait pas
résorbé et minimisé cette crise, afin que ces géants de l’agroali-
mentaire ne s’en sortent qu’avec de légers dommages et intérêts.
C’était pourtant Tony qui avait tout enterré de façon structurée.
Le communicant avait encore le déroulé de cette période en tête.
Sa stratégie pour dissimuler des données, le champ lexical à uti-
liser, la manière de s’interposer comme un bouclier. Il s’était in-
vesti personnellement et ses clients lui en avaient été très recon-
naissants. Son agence, Jeune&Fun Com’, avait augmenté tant sa
rémunération que ses responsabilités. Il se souvint à quel point il
avait aimé ce moment et comme il vénérait le parmentier et les
plats cuisinés qui avaient tant œuvré pour son ascension sociale.
Le Julien Sorel de la mortadelle.
Il grimaça un peu, ses yeux se plissèrent et ses lèvres se cris-
pèrent. Il n’était vraiment pas fier. Mais c’était comme ça et il ne
pouvait pas revenir en arrière.
Il eut quand même la curiosité de faire glisser la boucle en tissus
qui verrouillait toutes ces feuilles agrafées. Rapports de réunion,
chiffres d’affaires, interviews, coupures de presse, listes de noms.
Sur ce dernier A4 volant était inscrite au marqueur une dizaine de
personnes à éviter. Des gens qui voulaient faire tomber ces indus-
triels du cancer ou tout simplement savoir la vérité.
Hugo Clément pour le talk show Le Petit Journal, Jean-Michel Di
Pasqual directeur de l’agence française anti-fraudes, Sylvie Met-
zelard rédac’ chef de 60 millions de consommateurs, Ghyslaine
Calmels-Bock directrice générale de la fondation Brigitte Bar-
dot, Rokia Uwimana journaliste indépendante/blogueuse, Fabien
Contençon délégué CGT. Tony referma tout ce merdier. Comme
une blessure pas encore cicatrisée.
Il se remit au charbon et continua ses cartons avec moins de sen-
sibilité.
12h30, ça faisait 4 heures qu’il entassait, empilait, marquait et
stockait dans son garage le bordel que les déménageurs devaient
embarquer. Tony appela sa femme et lui proposa de la rejoindre
pour le déjeuner. En passant devant son traiteur habituel il prit
deux barquettes de taboulé et aussi un saucisson tranché pour la
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sens à ses yeux. Comme une autre vie. Comme s’il n’avait pas
résorbé et minimisé cette crise, afin que ces géants de l’agroali-
mentaire ne s’en sortent qu’avec de légers dommages et intérêts.
C’était pourtant Tony qui avait tout enterré de façon structurée.
Le communicant avait encore le déroulé de cette période en tête.
Sa stratégie pour dissimuler des données, le champ lexical à uti-
liser, la manière de s’interposer comme un bouclier. Il s’était in-
vesti personnellement et ses clients lui en avaient été très recon-
naissants. Son agence, Jeune&Fun Com’, avait augmenté tant sa
rémunération que ses responsabilités. Il se souvint à quel point il
avait aimé ce moment et comme il vénérait le parmentier et les
plats cuisinés qui avaient tant œuvré pour son ascension sociale.
Le Julien Sorel de la mortadelle.
Il grimaça un peu, ses yeux se plissèrent et ses lèvres se cris-
pèrent. Il n’était vraiment pas fier. Mais c’était comme ça et il ne
pouvait pas revenir en arrière.
Il eut quand même la curiosité de faire glisser la boucle en tissus
qui verrouillait toutes ces feuilles agrafées. Rapports de réunion,
chiffres d’affaires, interviews, coupures de presse, listes de noms.
Sur ce dernier A4 volant était inscrite au marqueur une dizaine de
personnes à éviter. Des gens qui voulaient faire tomber ces indus-
triels du cancer ou tout simplement savoir la vérité.
Hugo Clément pour le talk show Le Petit Journal, Jean-Michel Di
Pasqual directeur de l’agence française anti-fraudes, Sylvie Met-
zelard rédac’ chef de 60 millions de consommateurs, Ghyslaine
Calmels-Bock directrice générale de la fondation Brigitte Bar-
dot, Rokia Uwimana journaliste indépendante/blogueuse, Fabien
Contençon délégué CGT. Tony referma tout ce merdier. Comme
une blessure pas encore cicatrisée.
Il se remit au charbon et continua ses cartons avec moins de sen-
sibilité.
12h30, ça faisait 4 heures qu’il entassait, empilait, marquait et
stockait dans son garage le bordel que les déménageurs devaient
embarquer. Tony appela sa femme et lui proposa de la rejoindre
pour le déjeuner. En passant devant son traiteur habituel il prit
deux barquettes de taboulé et aussi un saucisson tranché pour la
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