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n-Laurent se leva en boitant, ça fait toujours ça quand il nous
manque une chaussure. S’approcha de son amant qui fronçait les
sourcils ne comprenant pas cette nouvelle situation. Il prit son
doux visage entre ses mains et lui déposa un baiser. Leurs lan-
gues se caressaient. Leurs bouchent s’ouvraient de plus en plus.
Leurs torses se tamponnaient. Comme il était bon de se toucher.
La malle resta fermée. Ils firent l’amour à en mourir. Le lende-
main Marcus frotta ses paupières, fit claquer son bec rapidement
et toucha sa bite comme tous les matins… Histoire de.
Sur un carton de correspondance sobrement posé contre le pla-
teau du petit-déjeuner continental, était écrit à l’encre noire : Ich
liebe dich für immer. Auf Wiedersehen meine Liebe.

Alex

Bip, bip, bip. Lui qui adorait le groupe de Seattle avait enfin at-
teint le Nirvana. Nus pieds sur un sable tiède, Alex marchait en
enfonçant d’abord son talon puis la totalité de sa voûte dans l’hu-
midité du sol. Le mouvement de la mer était étrangement lent. Il
n’y avait pas d’oiseau. L’oyat battait la mesure et se courbait sur
les dunes, ne faisant aucun bruit. Les chardons bleus ne piquaient
plus. Gamin, Alex aimait ramasser des coquillages pour les offrir
à sa maman. Il les perçait avec une aiguille et en faisait de jolis
colliers. Tout cela sentait vite la mort. Habituellement ses orteils
chassaient les bouzous, mais là, ils restèrent immobiles. Le jeune
homme avait lu quelque part que ces vers marins transportaient
40 fois plus d’oxygène dans leur hémoglobine que l’humain.
Qu’ils étaient l’avenir de la transplantation d’organes. Ces bes-
tioles seraient sûrement le point de départ de la création d’un sang
universel. Alex ne se rappelait plus qu’il s’appelait Alex, mais
savait que ces animaux insipides étaient des créatures divines.
La nuit ne tombait plus. La plage infinie se déroulait au rythme
de ses pas. Un halo blanc l’aspirait comme une taffe de cigarette.
Pour la première fois, il aperçut une silhouette à un mètre ou un
kilomètre, peu importe. Alex avait tout son temps.

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