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te chose l’encourageait à faire demi-tour, mais il n’en avait pas
la force. L’allée était simple et relaxante, le retour serait un cau-
chemar éprouvant, il en était certain. Désormais, une ombre le sui-
vait continuellement sans prendre en compte le soleil. Ici, tout était
doux et serein. Il ressentait une clarté émotionnelle, intellectuelle
et spirituelle fabuleuse. Par flashs, Alex voyait son corps allongé
dans ce lit aux draps en papier. Il se trouvait hideux et rien ne le
poussait à réintégrer cette coquille qui lui avait fait tant de mal.
Ici, il était seul, mais pas plus que là-bas. La forme sombre ne le
quittait plus. D’un à-coup sec, il s’envolait, planait un court instant
et retombait sur un sol toujours propice pour l’accueillir. Pourquoi
irait-il ailleurs ? Il arrivait que des tambours écartent les nuages et
des cuivres interrompent son vagabondage, mais rien ne poussait
Alex à se battre pour revenir. La terre ne lui manquait pas. Plus le
temps passait, moins il sentait sa carcasse, son odeur, son haleine,
ses aisselles. Plus le temps passait, moins son apparence l’encom-
brait. La lumière lissait tout et s’en approcher réglerait tout. Tout,
tout, tout. Le passé n’était plus rien, l’avenir était tout.
Les autres se transformaient en mauvais souvenirs. Pour lui, la
vie allait enfin commencer.
Émelyne & Tibo
Émelyne ne se maquillait plus. Elle ne s’était jamais vue ainsi.
L’influenceuse qui revendiquait « zéro time pour le bullshit », se
laissait couler. « Au jour d’aujourd’hui, personnellement, la merde
de taureau c’est moi » sanglotait-elle face à son miroir grossis-
sant. Petite, Émelyne voulait être une sirène. Se fabriquer une
queue de poisson et plonger en apnée pour des shows aquatiques.
À 23 ans, sous l’eau, elle se pinçait toujours le nez en gonflant ses
joues. C’était moyennement compatible avec ses ambitions. Tout
s’écroulait, tout s’effritait. Cet attentat l’avait atomiseé. 30 mi-
nutes en enfer. 30 minutes où tout s’effaçait. Quand les fonda-
tions sont frêles, les séismes sont d’autant plus destructeurs. Rien,
chez elle, n’était prêt à faire face à l’horreur. Cette plume, tout en
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la force. L’allée était simple et relaxante, le retour serait un cau-
chemar éprouvant, il en était certain. Désormais, une ombre le sui-
vait continuellement sans prendre en compte le soleil. Ici, tout était
doux et serein. Il ressentait une clarté émotionnelle, intellectuelle
et spirituelle fabuleuse. Par flashs, Alex voyait son corps allongé
dans ce lit aux draps en papier. Il se trouvait hideux et rien ne le
poussait à réintégrer cette coquille qui lui avait fait tant de mal.
Ici, il était seul, mais pas plus que là-bas. La forme sombre ne le
quittait plus. D’un à-coup sec, il s’envolait, planait un court instant
et retombait sur un sol toujours propice pour l’accueillir. Pourquoi
irait-il ailleurs ? Il arrivait que des tambours écartent les nuages et
des cuivres interrompent son vagabondage, mais rien ne poussait
Alex à se battre pour revenir. La terre ne lui manquait pas. Plus le
temps passait, moins il sentait sa carcasse, son odeur, son haleine,
ses aisselles. Plus le temps passait, moins son apparence l’encom-
brait. La lumière lissait tout et s’en approcher réglerait tout. Tout,
tout, tout. Le passé n’était plus rien, l’avenir était tout.
Les autres se transformaient en mauvais souvenirs. Pour lui, la
vie allait enfin commencer.
Émelyne & Tibo
Émelyne ne se maquillait plus. Elle ne s’était jamais vue ainsi.
L’influenceuse qui revendiquait « zéro time pour le bullshit », se
laissait couler. « Au jour d’aujourd’hui, personnellement, la merde
de taureau c’est moi » sanglotait-elle face à son miroir grossis-
sant. Petite, Émelyne voulait être une sirène. Se fabriquer une
queue de poisson et plonger en apnée pour des shows aquatiques.
À 23 ans, sous l’eau, elle se pinçait toujours le nez en gonflant ses
joues. C’était moyennement compatible avec ses ambitions. Tout
s’écroulait, tout s’effritait. Cet attentat l’avait atomiseé. 30 mi-
nutes en enfer. 30 minutes où tout s’effaçait. Quand les fonda-
tions sont frêles, les séismes sont d’autant plus destructeurs. Rien,
chez elle, n’était prêt à faire face à l’horreur. Cette plume, tout en
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