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me des héros de guerre venant se faire médailler. Tous, tous,
tous l’avaient sauvé. Lui, qui se sentait si bien ailleurs. Il n’avait
rien demandé. Marcher sur la plage durant l’éternité n’était pas
l’enfer mais bien tout le contraire. Là, il devait y retourner. Se
battre de nouveau pour se faire aimer. Être vivant était si com-
pliqué. Ses parents passèrent, sans s’attarder, ils étaient contents,
vraiment contents. Très peu d’amis firent cette démarche. Lui,
l’aurait-il faite à leur place ? Bien sûr que non, alors à quoi bon
juger. Il laissa tout couler.
Une fois le cirque terminé, il se retrouva enfin seul. Que s’était-il
passé ? Une fête, du verre brisé, un bruit sourd et profond. Puis rien,
plus rien. Il était tombé. Il savait qu’il s’appelait Alexandre Spinozi,
qu’il avait 30 ans. Ne connaissait pas réellement son métier. Mais
même avant son comas, c’était déjà le cas. La nuit se pointait. 20h
sonnaient. La porte austère laissa filer une légère lumière. Sur la
pointe de ses souliers, Bertille avançait. Son parfum ralluma le cer-
veau d’Alex. Cette femme, qui était cette femme qu’il sentait sous
son épiderme ? Cette silhouette si familière ? La duchesse s’assit à
contre-jour de la lampe de chevet qui était restée allumée. C’était
la présence, l’ombre, sa nouvelle amie. Le jeune homme remonta
lentement les paupières et planta son regard dans celui de Madame
De La Berthelière. Elle lui prit la main comme à son habitude. Tous
deux se mirent à pleurer à en faire déborder les rivières.
Swag & Ryan
Fallait pas se tromper. Les deux amis arrivèrent à Étretat la nuit
tombée. Ils n’étaient jamais venus sur la Côte d’Albâtre parce
que « les galets, ça fait chier ! ». Mais là, fallait bien avouer que
c’était de toute beauté.
Le soleil se diluait sur un horizon méfiant, gardien des jours, sol-
dat des nuits. La boule de feu orangée disparaissait sous l’arche
de l’éléphant en craie. L’aiguille creuse s’offrait aux goélands
comme pour surveiller le bon déroulement de cette scène qui se
jouait depuis des millions d’années.
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tous l’avaient sauvé. Lui, qui se sentait si bien ailleurs. Il n’avait
rien demandé. Marcher sur la plage durant l’éternité n’était pas
l’enfer mais bien tout le contraire. Là, il devait y retourner. Se
battre de nouveau pour se faire aimer. Être vivant était si com-
pliqué. Ses parents passèrent, sans s’attarder, ils étaient contents,
vraiment contents. Très peu d’amis firent cette démarche. Lui,
l’aurait-il faite à leur place ? Bien sûr que non, alors à quoi bon
juger. Il laissa tout couler.
Une fois le cirque terminé, il se retrouva enfin seul. Que s’était-il
passé ? Une fête, du verre brisé, un bruit sourd et profond. Puis rien,
plus rien. Il était tombé. Il savait qu’il s’appelait Alexandre Spinozi,
qu’il avait 30 ans. Ne connaissait pas réellement son métier. Mais
même avant son comas, c’était déjà le cas. La nuit se pointait. 20h
sonnaient. La porte austère laissa filer une légère lumière. Sur la
pointe de ses souliers, Bertille avançait. Son parfum ralluma le cer-
veau d’Alex. Cette femme, qui était cette femme qu’il sentait sous
son épiderme ? Cette silhouette si familière ? La duchesse s’assit à
contre-jour de la lampe de chevet qui était restée allumée. C’était
la présence, l’ombre, sa nouvelle amie. Le jeune homme remonta
lentement les paupières et planta son regard dans celui de Madame
De La Berthelière. Elle lui prit la main comme à son habitude. Tous
deux se mirent à pleurer à en faire déborder les rivières.
Swag & Ryan
Fallait pas se tromper. Les deux amis arrivèrent à Étretat la nuit
tombée. Ils n’étaient jamais venus sur la Côte d’Albâtre parce
que « les galets, ça fait chier ! ». Mais là, fallait bien avouer que
c’était de toute beauté.
Le soleil se diluait sur un horizon méfiant, gardien des jours, sol-
dat des nuits. La boule de feu orangée disparaissait sous l’arche
de l’éléphant en craie. L’aiguille creuse s’offrait aux goélands
comme pour surveiller le bon déroulement de cette scène qui se
jouait depuis des millions d’années.
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