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B en merde alors, comment ils ont pu sculpter ça ?
Chaud patate.

— J ’crois que c’est Arsène Lupin qui l’a fabriqué, pour planquer
son trésor.

— C omment qui fait son intello l’autre, t’as appris ça où ?
— E n 5e, on a eu un prof de français qui nous a obligés à lire !

En montant les marches déséquilibrées pour atteindre le sommet
de la falaise, Swag et Ryan se bidonnaient sur des blagues hy-
per-genrées.
Tous deux enjambèrent les barrières de sécurité pour s’approcher
du gouffre afin d’y jeter leurs sacs de sport chargés de fringues et
de pistolets.
Ils s’assirent les jambes dans le vide, contemplant un spectacle
que seule la nature peut offrir. Ces deux blaireaux ne pouvaient
être que subjugués.

— P utain chuis trop émotionné !
— N ormal t’es un gros pédé.
— F erme ta gueule enculé.

Ils claquèrent une petite canette de bière pour se récompenser.
Toutes les preuves de la mascarade organisée n’étaient plus que de
lointains souvenirs. Les vagues giflaient le pachyderme. L’écume
creusait l’épiderme. Les bourrasques se multipliaient comme un
germe. Plus rien ne flottait. Tout était absorbé. Les deux gars pla-
naient dans une légèreté retrouvée.
Un téléphone vibra.

— H ey Tibo. Oui ça va. Oui, c’est fait. On se boit une kékène et
on redécolle. Mission accomplie.

En se levant ils eurent la bonne idée d’immortaliser ce moment.
Tournèrent le dos à l’océan. S’approchèrent du bord de la falaise.
Tendirent leur bras très loin devant. Une rafale se déclencha. Un
gros vent se leva. Le déséquilibre les empara. Du vide, du vide.
Comme ça leur allait bien. C’en était fini de ces deux crétins.

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