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vidait de toutes ses pensées. Ça le rendait plus léger. Son
ventre se sentait moins noué. La poésie, sa catharsis. La nar-
ration, sa dévotion. Il fuyait les conversations, détestait la
ponctuation. Alex prenait sans calcul des visages. Se zippait
dans ses personnages. Fouillait, extrayait et purgeait avant de
recommencer. Il faisait l’amour à Bertille, fleurissait la tombe
de Jean-Lo, avait du courage à gogo, était un ours dans un jeu
de quilles. Il écrivait, il écrivait tout le temps. Moins il sortait,
plus il vibrait. Alex volait de palais en palais, de cieux persans
à ottomans. Il vivait 1001 nuits en une, pourquoi ne pas dé-
rober la lune ? Où était la réalité ? Dans sa tête ? Derrière sa
porte d’entrée ?
Ne plus bouger, ne plus marcher, se rassembler et méditer. Si
le bonheur était une quête, écrire en serait sa silhouette. Alex
s’était tellement perdu, à paraître comme une revue. Fallait se
montrer pour exister, être suivi, être liké. Il n’avait jamais sen-
ti son cœur battre autant que depuis son isolement. Il écrivait,
il écrivait tout le temps. Même une liste de courses l’excitait.
Des mots sur le frigo, une lettre dans la buée, des courriers aux
impôts, faire un chèque et signer. Depuis toujours il écrivait
mais soudain comme un lion qui surgit, il comprit que cette
force dans ses mains était là pour lui changer la vie.
Sur un canson parfumé qu’il avait préalablement daté, il
décida de se jeter, de plonger dans sa vérité.
Bertille, mon amour.
Mon amour, Bertille.
Où en serons-nous demain, ivres
et vainqueurs de nos erreurs.
De nos erreurs qui nous enivrent,
en sortirons-nous vainqueurs demain.
De toutes les sensations sont-ce vos mains qui me touchent,
qui tracent mon destin.
Mon destin se trace, ça me touche,
la sensation de vos mains me déroute.
Je monte, je monte puis redescends,
comme un tilleul, comme un linceul.
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ventre se sentait moins noué. La poésie, sa catharsis. La nar-
ration, sa dévotion. Il fuyait les conversations, détestait la
ponctuation. Alex prenait sans calcul des visages. Se zippait
dans ses personnages. Fouillait, extrayait et purgeait avant de
recommencer. Il faisait l’amour à Bertille, fleurissait la tombe
de Jean-Lo, avait du courage à gogo, était un ours dans un jeu
de quilles. Il écrivait, il écrivait tout le temps. Moins il sortait,
plus il vibrait. Alex volait de palais en palais, de cieux persans
à ottomans. Il vivait 1001 nuits en une, pourquoi ne pas dé-
rober la lune ? Où était la réalité ? Dans sa tête ? Derrière sa
porte d’entrée ?
Ne plus bouger, ne plus marcher, se rassembler et méditer. Si
le bonheur était une quête, écrire en serait sa silhouette. Alex
s’était tellement perdu, à paraître comme une revue. Fallait se
montrer pour exister, être suivi, être liké. Il n’avait jamais sen-
ti son cœur battre autant que depuis son isolement. Il écrivait,
il écrivait tout le temps. Même une liste de courses l’excitait.
Des mots sur le frigo, une lettre dans la buée, des courriers aux
impôts, faire un chèque et signer. Depuis toujours il écrivait
mais soudain comme un lion qui surgit, il comprit que cette
force dans ses mains était là pour lui changer la vie.
Sur un canson parfumé qu’il avait préalablement daté, il
décida de se jeter, de plonger dans sa vérité.
Bertille, mon amour.
Mon amour, Bertille.
Où en serons-nous demain, ivres
et vainqueurs de nos erreurs.
De nos erreurs qui nous enivrent,
en sortirons-nous vainqueurs demain.
De toutes les sensations sont-ce vos mains qui me touchent,
qui tracent mon destin.
Mon destin se trace, ça me touche,
la sensation de vos mains me déroute.
Je monte, je monte puis redescends,
comme un tilleul, comme un linceul.
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