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prépara minutieusement pour rendre visite à son épouse. Son
local de campagne était à 10 minutes du manoir. Il se devait abso-
lument de lui démontrer toute son affection. Faire des efforts afin
de s’intéresser à sa campagne électorale, voilà une bonne idée.
Pour être honnête, ça le faisait bien chier, mais c’était le prix à
payer !
Une élégante cravate, un petit gilet violet. Il se trouvait parfait.
Jean-Lo décida même d’y aller à pied, chose qu’il ne faisait ja-
mais. Marcher.
Les oiseaux le suivaient, les cloches rythmaient ses foulées, la
brume se dissipait et les anges l’éclairaient. Jean-Lo se sentait
porté par une force. Comme rarement, il se savait sur le bon
chemin. Reconquérir Bertille était sa nouvelle lubie, son envie
du moment. C’était comme dépasser la barre des 40 millions de
chiffres sur la vente de hachis parmentier. Un objectif à atteindre.
Jean-Laurent s’était parfumé. Un musk, une odeur bestiale et boi-
sée. Comme s’il allait chasser. Déterminé, il était déterminé. Prêt
à dire tout le bien qu’il pensait des élections de sa tendre bien
aimée.
« Bonjour, le soleil. Hello, les feuilles. Salut les abeilles. Ho, un
écureuil ». Jean-Lo adorait la poésie et se sentait même d’écrire
un petit mot doux à la duchesse de son cœur. Oui, ça c’était à ne
pas oublier. Il se promit qu’il le ferait. Lui écrire un mot doux.
En arrivant face à la vitrine recouverte partiellement d’affiches au
visage de sa femme, il la vit debout au milieu de la pièce, seule,
absorbée par un courrier.
Les mains de Bertille tremblaient. Ses jambes grelotaient. Elle
devait s’adosser. Puis se laissa glisser jusqu’à poser son fessier.
Une fois au sol, la pointe de son pied droit retira sa chaussure
gauche. Son index gauche la soulagea de son soulier droit. Sa
tête se bascula en arrière. S’arrêta contre le mur. Ses paupières
se baissèrent laissant malgré tout s’enfuir une larme sur chaque
joue. Jean-Laurent se fit discret pour continuer d’observer. D’un
mouvement sec du poignet, elle rigidifia la feuille de papier et se
replongea dedans comme dans un rêve éveillé.
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local de campagne était à 10 minutes du manoir. Il se devait abso-
lument de lui démontrer toute son affection. Faire des efforts afin
de s’intéresser à sa campagne électorale, voilà une bonne idée.
Pour être honnête, ça le faisait bien chier, mais c’était le prix à
payer !
Une élégante cravate, un petit gilet violet. Il se trouvait parfait.
Jean-Lo décida même d’y aller à pied, chose qu’il ne faisait ja-
mais. Marcher.
Les oiseaux le suivaient, les cloches rythmaient ses foulées, la
brume se dissipait et les anges l’éclairaient. Jean-Lo se sentait
porté par une force. Comme rarement, il se savait sur le bon
chemin. Reconquérir Bertille était sa nouvelle lubie, son envie
du moment. C’était comme dépasser la barre des 40 millions de
chiffres sur la vente de hachis parmentier. Un objectif à atteindre.
Jean-Laurent s’était parfumé. Un musk, une odeur bestiale et boi-
sée. Comme s’il allait chasser. Déterminé, il était déterminé. Prêt
à dire tout le bien qu’il pensait des élections de sa tendre bien
aimée.
« Bonjour, le soleil. Hello, les feuilles. Salut les abeilles. Ho, un
écureuil ». Jean-Lo adorait la poésie et se sentait même d’écrire
un petit mot doux à la duchesse de son cœur. Oui, ça c’était à ne
pas oublier. Il se promit qu’il le ferait. Lui écrire un mot doux.
En arrivant face à la vitrine recouverte partiellement d’affiches au
visage de sa femme, il la vit debout au milieu de la pièce, seule,
absorbée par un courrier.
Les mains de Bertille tremblaient. Ses jambes grelotaient. Elle
devait s’adosser. Puis se laissa glisser jusqu’à poser son fessier.
Une fois au sol, la pointe de son pied droit retira sa chaussure
gauche. Son index gauche la soulagea de son soulier droit. Sa
tête se bascula en arrière. S’arrêta contre le mur. Ses paupières
se baissèrent laissant malgré tout s’enfuir une larme sur chaque
joue. Jean-Laurent se fit discret pour continuer d’observer. D’un
mouvement sec du poignet, elle rigidifia la feuille de papier et se
replongea dedans comme dans un rêve éveillé.
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