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on ne dit rien, de peur qu’elle ne comprenne. Elle était aussi
foncièrement généreuse et reconnaissante. Ça oui, elle savait être
reconnaissante.
Émelyne venait de reprendre son travail chez ImmoYoupi mais
en parallèle avait accepté la proposition de Bertille d’être intégrée
au sein de sa liste des conseillers municipaux potentiels. Il y avait
donc des chances pour qu’elle siège suite aux élections. Au côté
de la Maire, si la duchesse se faisait élire, ou dans l’opposition si
elle se faisait battre. C’est la spécificité des proportionnelles.
Quotidiennement, Émelyne gérait les réseaux sociaux de Bertille
De La Berthelière et commençait à toucher la jeunesse des beaux
quartiers. Celle pour qui voter est inutile, car elle ne veut rien
changer. Écoles de commerce pour les jeunes hommes, Khâgne
pour les jeunes filles. Certaines têtes brulées partaient vers de
l’ingénierie, de la médecine ou du droit. Rien qui ne les inquiétait
pour leur avenir. Ils resteraient, quoi qu’il arrive, la couche supé-
rieure de la société. À ce titre, pourquoi voter ?
Pourtant Émelyne arrivait à les intéresser, les titiller, les faire par-
ticiper. Une pluie d’abonnements tombait sur leur page Facebook
« Votre béquille c’est Bertille », mais c’est surtout l’Instagram
que la jeune geek aimait animer. Sur ce réseau, il y avait moins de
méchanceté, moins d’agressivité. Une bienveillance toute polis-
sée. Une photo, un petit mot et des likes à gogo.
Émelyne ne se sentait pas totalement soignée car elle prenait en-
core son pied à voir des petits cœurs s’envoler. Mais là, c’était
pour la bonne cause et non pour flatter un égo démesuré. Donc,
pour elle, oui, elle avançait.
La Community Manager balançait des petites phrases sur fond
de couleur que Béatrice lui avait préalablement validées. « Je ne
veux pas que ma ville sorte de son histoire ». Sans explication,
sans précision. Juste une petite phrase préalablement validée et
hop. Et les gens adoraient ! « Je veux pouvoir sortir en jupe dans
mon quartier ». « La mondialisation est une donnée, la souve-
raineté est notre volonté ». « C’est une campagne très particu-
lière mais nécessaire ». Émelyne picorait des slogans de partout
et en basculait un par jour pour donner à manger aux électeurs.
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foncièrement généreuse et reconnaissante. Ça oui, elle savait être
reconnaissante.
Émelyne venait de reprendre son travail chez ImmoYoupi mais
en parallèle avait accepté la proposition de Bertille d’être intégrée
au sein de sa liste des conseillers municipaux potentiels. Il y avait
donc des chances pour qu’elle siège suite aux élections. Au côté
de la Maire, si la duchesse se faisait élire, ou dans l’opposition si
elle se faisait battre. C’est la spécificité des proportionnelles.
Quotidiennement, Émelyne gérait les réseaux sociaux de Bertille
De La Berthelière et commençait à toucher la jeunesse des beaux
quartiers. Celle pour qui voter est inutile, car elle ne veut rien
changer. Écoles de commerce pour les jeunes hommes, Khâgne
pour les jeunes filles. Certaines têtes brulées partaient vers de
l’ingénierie, de la médecine ou du droit. Rien qui ne les inquiétait
pour leur avenir. Ils resteraient, quoi qu’il arrive, la couche supé-
rieure de la société. À ce titre, pourquoi voter ?
Pourtant Émelyne arrivait à les intéresser, les titiller, les faire par-
ticiper. Une pluie d’abonnements tombait sur leur page Facebook
« Votre béquille c’est Bertille », mais c’est surtout l’Instagram
que la jeune geek aimait animer. Sur ce réseau, il y avait moins de
méchanceté, moins d’agressivité. Une bienveillance toute polis-
sée. Une photo, un petit mot et des likes à gogo.
Émelyne ne se sentait pas totalement soignée car elle prenait en-
core son pied à voir des petits cœurs s’envoler. Mais là, c’était
pour la bonne cause et non pour flatter un égo démesuré. Donc,
pour elle, oui, elle avançait.
La Community Manager balançait des petites phrases sur fond
de couleur que Béatrice lui avait préalablement validées. « Je ne
veux pas que ma ville sorte de son histoire ». Sans explication,
sans précision. Juste une petite phrase préalablement validée et
hop. Et les gens adoraient ! « Je veux pouvoir sortir en jupe dans
mon quartier ». « La mondialisation est une donnée, la souve-
raineté est notre volonté ». « C’est une campagne très particu-
lière mais nécessaire ». Émelyne picorait des slogans de partout
et en basculait un par jour pour donner à manger aux électeurs.
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