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reusement qu’on leur a précisé qu’on habitait au Boul’Mich,
sinon on restait dehors ». « C’est incroyable de me dire que je
dors au cœur de Paris, il y a 6 mois c’était mon rêve le plus fou
et là, tranquillement, je vais sur les Champs le soir boire un verre
avec les copines, fumer des cigarettes et draguer les garçons…
Libre, je me sens libre… »
« You may say I’m a dreamer, But I’m not the only one, I hope
some day you’ll join us, And the world will be as one ». Le piano
observait une fois de plus le quotidien de Marge et savait qu’il
était où il fallait être. « You may say I’m a dreamer, But I’m not
the only one, I hope some day you’ll join us, And the world will
be as one ».
Dans la nuit qui suivit, vers 5h50, alors que les filles rentraient
et que Marge ficelait sa petite comptabilité, il y eut comme un
silence convenu. Un ange en balade. Une danseuse qui s’étire.
Une goutte le long d’une joue. 4 balles de revolver firent trembler
l’univers. John Lennon venait de se faire assassiner.
Marge - 2019
Depuis sa ménaupose Marge avait de plus en plus fréquemment
mal dans les doigts et ce n’est pas à 90 ans que cela se règlerait. Son
cartilage s’effritait. Les microtraumatismes de ses mains avaient
raison d’elle. Tous les matins, elle se posait malgré tout et quoi
qu’il arrive face à son Lester. Se roulait un petit joint d’herbe et
faisait galoper ses 10 amis comme elle sortirait son chien. Marge
improvisait au gré de son humeur. Son piano était là, solide, du
vrai bois d’arbre. Elle n’avait plus vraiment les moyens de l’en-
tretenir en faisant venir par avion la perle des Italiens, mais elle en
prenait grand soin. La meilleure façon de respecter un instrument
est de jouer avec, se disait-elle. Donc elle jouait, elle jouait, elle
jouait. Régulièrement Marge régalait le quartier en sonates, avec
ses reprises de Queen, de Bowie. Marge adorait Chopin, restait fi-
dèle à Sati, aimait Chilly Gonzales, Tiersen, Khatia Buniatishvili.
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sinon on restait dehors ». « C’est incroyable de me dire que je
dors au cœur de Paris, il y a 6 mois c’était mon rêve le plus fou
et là, tranquillement, je vais sur les Champs le soir boire un verre
avec les copines, fumer des cigarettes et draguer les garçons…
Libre, je me sens libre… »
« You may say I’m a dreamer, But I’m not the only one, I hope
some day you’ll join us, And the world will be as one ». Le piano
observait une fois de plus le quotidien de Marge et savait qu’il
était où il fallait être. « You may say I’m a dreamer, But I’m not
the only one, I hope some day you’ll join us, And the world will
be as one ».
Dans la nuit qui suivit, vers 5h50, alors que les filles rentraient
et que Marge ficelait sa petite comptabilité, il y eut comme un
silence convenu. Un ange en balade. Une danseuse qui s’étire.
Une goutte le long d’une joue. 4 balles de revolver firent trembler
l’univers. John Lennon venait de se faire assassiner.
Marge - 2019
Depuis sa ménaupose Marge avait de plus en plus fréquemment
mal dans les doigts et ce n’est pas à 90 ans que cela se règlerait. Son
cartilage s’effritait. Les microtraumatismes de ses mains avaient
raison d’elle. Tous les matins, elle se posait malgré tout et quoi
qu’il arrive face à son Lester. Se roulait un petit joint d’herbe et
faisait galoper ses 10 amis comme elle sortirait son chien. Marge
improvisait au gré de son humeur. Son piano était là, solide, du
vrai bois d’arbre. Elle n’avait plus vraiment les moyens de l’en-
tretenir en faisant venir par avion la perle des Italiens, mais elle en
prenait grand soin. La meilleure façon de respecter un instrument
est de jouer avec, se disait-elle. Donc elle jouait, elle jouait, elle
jouait. Régulièrement Marge régalait le quartier en sonates, avec
ses reprises de Queen, de Bowie. Marge adorait Chopin, restait fi-
dèle à Sati, aimait Chilly Gonzales, Tiersen, Khatia Buniatishvili.
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