Page 4 - Fief
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NT PR OPOS
23 mars 2020
Au moment même où j’écris ces mots, le monde affronte l’une des plus grandes crises
sanitaires de tous les temps. Je reste confiné chez moi comme des millions de Français.
Je ne sais pas trop comment le monde va se relever d’ici quelques mois. Lorsque vous
commencerez à feuilleter ce livre, vous en saurez déjà beaucoup plus que moi à l’heure
actuelle. Je vous parle du passé et vous me lisez dans le futur. Étrange, non ?
Quand j’ai pensé au concept de mon premier restaurant, j’ai essayé de faire la même chose.
De parler au futur. Parce que j’avais le sentiment qu’une rupture devait avoir lieu (et elle est
train d’avoir lieu).
Quand je regardais le passé en me demandant ce qui devait changer concernant notre
alimentation, c’était une évidence : le local et rien d’autre.
Tous les jours, un suicide dans le monde paysan en France. Des millions de tonnes de CO2
sont rejetées en partie à cause du transport (aérien ou non) pour avoir notre ananas au petit-
déj’, notre pavé de saumon norvégien le midi, notre chocolat au goûter, notre café en fin de
journée…
Cette mondialisation m’inquiète. Son impact carbone, son manque de transparence : comment
être sûr que mon légume a poussé dans une terre saine ? Que l’agriculteur a été correctement
rémunéré ?
N’y a-t-il pas un autre modèle possible ? La France, qui est l’une des agricultures les plus
fortes au monde, n’est-elle pas capable de fournir une diversité de produits suffisamment
grande pour créer ?
J’en étais persuadé pour mon restaurant : le local, coûte que coûte. Sans raccourci. Sans
compromis.
Et c’est conforme à ce que je souhaitais : une rupture. J’emmerde la mondialisation et le
conformisme.
J’ai ma ligne directrice. Made in France à 100 %. OK.
Le nom maintenant ? MIF ? Non parce que c’est un anglicisme, et que pour un restaurant
100 % produit français, c’est paradoxal non ? Et puis si je rajoute un L après le I, le nom va vite
être moqué (à juste titre).
Je voulais un nom que les gens puissent s’approprier. QG… FIEF… Tiens, FIEF, ça sonne bien !
Mais il me faut un acronyme. Fait en France évidemment ! Manque plus que le I… ICI.
Fait Ici En France.
Victor Mercier
23 mars 2020
Au moment même où j’écris ces mots, le monde affronte l’une des plus grandes crises
sanitaires de tous les temps. Je reste confiné chez moi comme des millions de Français.
Je ne sais pas trop comment le monde va se relever d’ici quelques mois. Lorsque vous
commencerez à feuilleter ce livre, vous en saurez déjà beaucoup plus que moi à l’heure
actuelle. Je vous parle du passé et vous me lisez dans le futur. Étrange, non ?
Quand j’ai pensé au concept de mon premier restaurant, j’ai essayé de faire la même chose.
De parler au futur. Parce que j’avais le sentiment qu’une rupture devait avoir lieu (et elle est
train d’avoir lieu).
Quand je regardais le passé en me demandant ce qui devait changer concernant notre
alimentation, c’était une évidence : le local et rien d’autre.
Tous les jours, un suicide dans le monde paysan en France. Des millions de tonnes de CO2
sont rejetées en partie à cause du transport (aérien ou non) pour avoir notre ananas au petit-
déj’, notre pavé de saumon norvégien le midi, notre chocolat au goûter, notre café en fin de
journée…
Cette mondialisation m’inquiète. Son impact carbone, son manque de transparence : comment
être sûr que mon légume a poussé dans une terre saine ? Que l’agriculteur a été correctement
rémunéré ?
N’y a-t-il pas un autre modèle possible ? La France, qui est l’une des agricultures les plus
fortes au monde, n’est-elle pas capable de fournir une diversité de produits suffisamment
grande pour créer ?
J’en étais persuadé pour mon restaurant : le local, coûte que coûte. Sans raccourci. Sans
compromis.
Et c’est conforme à ce que je souhaitais : une rupture. J’emmerde la mondialisation et le
conformisme.
J’ai ma ligne directrice. Made in France à 100 %. OK.
Le nom maintenant ? MIF ? Non parce que c’est un anglicisme, et que pour un restaurant
100 % produit français, c’est paradoxal non ? Et puis si je rajoute un L après le I, le nom va vite
être moqué (à juste titre).
Je voulais un nom que les gens puissent s’approprier. QG… FIEF… Tiens, FIEF, ça sonne bien !
Mais il me faut un acronyme. Fait en France évidemment ! Manque plus que le I… ICI.
Fait Ici En France.
Victor Mercier