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piré par le cinéma américain, toujours avec Lino Ventura dont
la rencontre, en 1958, fut déterminante pour Claude Sautet,
puisqu’elle fut le point de départ de sa carrière de réalisateur et
d’une longue amitié7. Aussi est-ce grâce à l’amicale insistance de
Lino Ventura qu’il se décida à adapter le roman de José Giovanni,
Classe tous risques. Mais le relatif échec commercial de ces films
conduisit Claude Sautet à renoncer à la réalisation. Travaillant
alors dans l’ombre, Claude Sautet fut notamment coscénariste
de films en difficulté, ce qui lui valut d’être appelé par Fran-
çois Truffaut « ressemeleur de scénarios8 », ou encore « Docteur
Sautet9 » ; jusqu’au jour où Jean-Loup Dabadie vint lui apporter
le scénario des Choses de la vie. Claude Sautet décida alors de faire
le film. Jusqu’ici, il n’avait réalisé que des « films d’hommes10 »,

 7.  C’est pendant le tournage du Fauve est lâché de Maurice Labro, dont il était
le coscénariste, que Claude Sautet rencontra Lino Ventura. Dans sa postface à
l’édition définitive des Conversations avec Claude Sautet de Michel Boujut, intitu-
lée « L’envie d’embrasser cet homme », Bertrand Tavernier précise que « Maurice
Labro, le metteur en scène, détestait Ventura et quitta le film avant son terme. Les
scènes manquantes, la poursuite finale, le dernier règlement de comptes, furent
tournés par Sautet et en haussent le niveau. Lino repéra immédiatement son sens
du cadre, de l’espace, la manière dont il filmait les acteurs et organisa une ren-
contre avec Giovanni  » (Michel Boujut, op. cit., p.  278). Voir aussi la dernière
partie – consacrée à Claude Sautet – du long métrage documentaire réalisé par
Bertrand Tavernier, Voyage à travers le cinéma français, sorti en 2016.
 8.  François Truffaut, Les Films de ma vie, Paris, Flammarion, 1975, p. 354.
 9.  « J’ai été amené à travailler une fois avec Claude Sautet, à l’époque où il sem-
blait avoir renoncé à la mise en scène pour devenir “ressemeleur de scénarios”.
Après plusieurs ressemelages successful – Dieu quel jargon – Sautet put augmenter
le tarif de ses ressemelages qui devinrent alors des consultations ; à partir de ce mo-
ment c’est le Docteur Sautet qu’on appelait à la rescousse lorsqu’un scénario était
en panne. » (François Truffaut, ibid.)
 10.  N. T. Binh et Dominique Rabourdin, Sautet par Sautet, Paris, Éditions de La
Martinière, 2005, p. 100.

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