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ailleurs, le plan où les prisonniers retirent les vêtements des déportés, qui vont
être asphyxiés est similaire au film des Uns et des autres. Si Holocauste souhaite
être au plus près de la réalité que Claude Lelouch, il apparaît pourtant probable
que cette série a dû influencer le cinéaste.

Aussi dans Holocauste, nous retrouvons après une séquence réaliste, des
plans qui interpellent le spectateur en nous rappelant que nous sommes dans une
fiction plausible. Il s'agit de s’approcher d'une réalité, tout en restant dans un cadre
cinématographique. Ainsi peu après le réalisme de la séquence de la douche, nous
avons un gros plan sur le visage de la femme du docteur Weiss ; puis un montage
cut nous montre les fours crématoires. Ces plans brefs sur ceux-ci rappellent les
Misérables de Lelouch ; où la vision de l'Holocauste s'exprime avant tout par la
force évocatrice de l'image, du son et le travail du montage. Au-delà d’une volonté
de filmer l’irreprésentable, Lelouch comme Chomsky se servent de l'outil
cinématographique pour faire passer un message et retranscrire une période
historique. Comme l’exprime Annette Insdorf, « Holocauste a provoqué une prise de
conscience à la fois du fait historique et des problèmes liés à sa mise en
image »28. Dans Holocauste, l’introduction nous précise que « c'est seulement une
histoire mais c'est vraiment arrivé. » Dans Les Uns et les autres, la voix off nous
précise que « tous les personnages existent ou ont existés ». Ainsi les Uns et les
autres comme Holocauste, proposent de filmer l’Histoire par le mode de la fiction.
Dans les deux films, L’Histoire n’est qu’une toile de fond : Lelouch et Chomsky
hésitent entre filmer une réalité historique, ou alors nous montrer le destin de
personnages purement fictifs.

Dans ces deux visions de l’Holocauste, la réalité et la fiction se combinent
au service d’un récit cinématographique. Pour mieux exprimer l'horreur de
l'Holocauste, la fiction via le cinéma est un moyen important. Aussi, la série TV
Holocauste souleva à l'époque beaucoup de polémiques sur l’innommable et
l’irreprésentable ; mais cette perception d’un fait historique se voit toutefois comme
une « nécessité de passer par une expérience émotionnelle de l’Holocauste » 29
En visionnant la fiction de Marvin Chomsky et les films de Lelouch les Uns et les
Autres et les Misérables ; le spectateur peut se rendre compte qu'il est difficile de
représenter l'Holocauste.

28 Voir page 18 à 22, Cinémaction n°22 L’Holocauste à l’écran-Anette Insdorf 74
29 Voir page 21, Cinémaction n°22 L’Holocauste à l’écran-Anette Insdorf

Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire.
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