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m’arrivait parfois de ne pas lui dire qu’il avait raison.
Question d’ego. Mais grâce à Nico, j’ai compris la

puissance des mots. Lorsque je me suis cassé la jambe en
vélo à l’âge de onze ans, c’est lui qui est venu me faire

travailler à la maison tous les jours pour que je ne prenne
pas de retard. C’était en quelque sorte mon ange-gardien.
En plus des cours qu’il n’hésitait pas à me copier en
double, il m’apportait des gâteaux que sa mère avait

cuisinés pour moi. Bien sûr, on refaisait le monde en
rêvant de l’avenir. Nico se voyait devenir grand

chirurgien pour sauver des enfants du Tiers-Monde. Moi,
je voulais être globe-trotter pour voyager jusqu’en
Australie ou en Argentine. Ni l’un, ni l’autre, n’avons

réalisé ces rêves mais nous avons assouvi bien plus que

ça au travers des familles que nous avons créées.

Ginette Malartigues pleurait en entendant son fils parler. Elle

semblait parfaitement comprendre la situation.
— Jamais personne n’a porté la main sur lui parce que je
m’y suis opposé. Il était tellement maigrichon qu’il
tentait plein de mecs balèzes qui n’avaient qu’une envie
à l’époque, c’était de lui piquer ses affaires. C’était le
seul être qui avait le droit de me dire quand j’avais merdé

sans se prendre un coup de poing dans le nez. La raison
à tout ça, c’était que Nicolas était mon ami. Mon meilleur
ami. Le seul et unique que j’ai eu dans ma vie. S’il avait
tué quelqu’un et m’avait demandé de lui fournir un alibi,
je crois bien que l’aurais fait sans poser de question.
L’assistance gloussa, le père Romain beaucoup moins.
— Malgré notre fort attachement, nous nous sommes quand
même écartés l’un de l’autre à un moment donné. Je me

suis dit avec fatalité que la plus belle des roses finit
toujours par s’étioler. Nous nous sommes perdus de vue
pendant vingt-cinq ans mais il n’y a pas eu une journée
où je n’ai pas pensé à lui. C’était plus fort que moi. Idem

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