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de son côté mais j’ai mis plus de temps pour lui l’avouer.

Ne plus le voir du jour au lendemain a été un terrible

déchirement. Alors imaginez ma surprise de le retrouver
à Carigoules il y a trois mois. Quand je l’ai vu dans le

café de Louis avec vous à ses côtés, il rayonnait. Il
n’avait pas mis les pieds dans la commune depuis trente
ans et pourtant personne ne semblait l’avoir oublié. Ce

type a toujours su attirer la lumière. Il tenait ça de son

père. Je crois que les Giordano étaient des saints.
Nathalie approuva l’image. Son mari avait toujours été
quelqu’un de bien.
— Nicolas a réussi à faire médecine comme son père dont

il était si fier. Il faut dire que Giacomo Giordano était
l’homme le plus généreux que j’ai connu. Il a marqué
l’histoire de la commune en soignant la plupart d’entre

nous et en mettant au monde de nombreuses personnes

ici présentes. Son dévouement aux autres était total. Son

fils était de la même trempe. Bien sûr, certaines
mauvaises langues vous diront qu’il m’a volé ma
fiancée…

Des gloussements se firent entendre. Alexandre accompagna
ses dires d’une petite mimique complice.

— Tout est vrai. D’ailleurs pendant plus de vingt-cinq ans,
il s’est empêché de venir me voir à cause de ça en

pensant que je ne lui pardonnerai pas. Oh peut-être aussi
parce qu’il avait peur de se faire dérouillé ? Allez
savoir !…
Clémence esquissa un sourire pendant que l’assistance riait.
— Mais l’amitié, c’est justement le pardon. Et ce n’est pas

le père Casenave qui me contredira. Évidemment, on
pardonne plus facilement aux gens qu’on aime, bien que
la douleur soit plus forte lorsqu’ils nous trahissent.

Objectivement, il a réussi à rendre Nathalie heureuse
alors que moi, j’en aurais été incapable. Je voudrais vous

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