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trop jeune pour rester seule. La solitude accélère l’étiolement
des gens et je voudrais qu’elle garde sa beauté et sa joie de
vivre le plus longtemps possible. Adieu Nat, adieu mon
amour. Adieu à toi aussi ma belle Clémence. Tu sais combien
tu comptes pour moi. Grâce à toi, j’ai été un père heureux et
comblé. J’ai adoré ces beaux moments que ta naissance a
imprimés dans mon esprit. J’ai aimé te changer, te bercer, te
raconter des histoires pour t’endormir quand tu étais petite,
te couver de bisous pour t’entendre rire et même te tenir tête
quand tu partais en vrille adolescente. Ces instants
privilégiés nous appartiennent. Tu es brillante et je regrette
que ton grand-père Giacomo n’ait pas eu le temps de te
connaitre. Je sais que je te manquerai mais je te laisse avec
mon double, en qui j’ai entièrement confiance. C’est lui qui
t’épaulera dorénavant pour affronter tes peurs. Réalise le
maximum de tes rêves. N’hésite pas à remettre tout à plat
dans ta vie si tu sens que tu n’es pas sur la bonne voie. Ne
perds pas le temps que tu n’as pas à gamberger, dépérir ou
douter. Fonce dans les projets qui te tiennent à cœur pour ne
rien regretter le moment venu. Je serai toujours à tes côtés
pour te pousser vers le haut. Enfin adieu mon cher Alex.
Sans toi, j’aurais pris plus de coups à l’école mais j’imagine
que tu leur as déjà dit. Tu n’as jamais pu t’empêcher de dire
à tout le monde que tu étais plus fort que moi. »
Les gens sourirent à nouveau. Il était rare qu’un défunt fasse

rire une assemblée le jour de son inhumation. Nicolas avait

réussi ce pari plusieurs fois.
« Ma vie sans toi aurait été fade. Tu as embelli de saveurs
tous les chemins que j’ai emprunté et je souhaite à tout le
monde de rencontrer un ami tel que toi. J’ai toujours eu peur
de mourir seul comme mon père mais tu as effacé mes craintes
en m’accompagnant jusqu’au bout du chemin. Je t’aime
vieux frère et c’est pour ça que je te confie les

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