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Chapitre 15

On ne devrait pas avoir peur de mourir quand on est autant aimé.

Trois mois plus tôt, lorsque Nicolas lui avait avoué
qu’il allait mourir, Alexandre avait eu beaucoup de
mal à digérer le diagnostic. Quelle réaction adopter
face à ça ? Apprendre le décès de quelqu’un est toujours
compliqué mais découvrir son sursis est pire car la notion de
souffrance prend alors une dimension infernale. Comment bien
réagir émotionnellement face à une mèche allumée qu’on ne
peut éteindre ? Quels mots employer face à une personne qui se
sait mourante ? Comment l’aider à passer le cap d’une fin
annoncée ? Personne ne peut être à l’aise avec la mort qui
résonne dans notre ADN comme le point final d’un magnifique
voyage qu’on nous a offert. C’est comme un tsunami qui
tarderait à se montrer mais qui se rapprocherait indubitablement
de notre rivage. À partir du moment où on le voit au large, on
comprend qu’on ne pourra pas s’enfuir. Même si on est rapide
et qu’on s’enfonce dans les terres, les vagues finiront toujours
par monter en puissance pour nous recouvrir de leurs lames
cinglantes.
Qu’est-ce que Malartigues pouvait faire face à une telle
annonce ? Quelle attitude prendre vis-à-vis de Nicolas ? Autant
il avait encaissé le fait que son ami lui ait volé son amour de
jeunesse et son enfant, autant il ne pouvait pas envisager de le
perdre alors qu’il venait à peine de le retrouver.

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