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stionner une entreprise du secteur d’activité, ben elle tombait
sur ce mec tout propret, une raie sur le côté, un discours en papier
mâché. Le profil de Jeune&Fun Com’ parfait. Tout ce qu’elle dé-
testait ! Rokia fit évidemment le rapprochement avec le groupe
Grouchon dont Bertille De La Berthelière avait hérité.
C’est donc là, ici et maintenant qu’elle avait envie de creuser.
Très rapidement elle apprit qu’il venait de se faire virer. Dans la
foulée, sut que sa femme était en arrêt indéterminé puis découvrit
que Béatrice Del’Imaginn était la responsable communication de
la campagne de sa duchesse terrorisée. Intéressant, intéressant.
Tout ça commençait à l’exciter, c’est pour cela qu’elle faisait son
métier. Sentir un courant d’air et s’y glisser. Travailler à l’instinct
et s’écouter. Elle redevenait primaire, en connexion avec la Terre.
Une adresse, un téléphone. Facile à retrouver. Rokia se posa de-
vant chez lui, puis dès sa sortie, le suivit toute l’après-midi.
Il avait l’air plutôt cool en fait. C’était pas vraiment l’image
qu’elle en avait gardée. Cheveux décoiffés, barbe pas taillée, look
BCBG, démarche plutôt décontractée. Il descendait à pieds vers
le centre-ville en sifflotant du Johnny Hallyday. Pour le moment
pas de quoi le condamner… quoi que.
Tony fit un tour à la FNAC. Il acheta des DVD de Disney. Quel
charmant papounet. Entra dans une magnifique librairie au toit en
verre. 3 niveaux et des gamins qui lisaient par terre. L’Armitière.
Rokia se dit qu’elle y repasserait en fin de journée. Del’Imaginn
repartit avec « Le loup en slip », « Dragon Ball Super » et 4 bou-
quins jeunesse choisis avec attention. Décidément, elle ne s’était
pas du tout imaginé ça de ce type-là.
Elle le filait, personne ne la remarquait. Tony, lui, continuait sa
balade. Il passa la Seine par le pont Jeanne d’Arc. Quelle origi-
nalité. Puis quittait doucement la rive droite se dirigeant vers des
quartiers moins cossus, plus désuets. 10 minutes après, il entra
dans un bâtiment qui ressemblait étrangement à une école pri-
maire des années 80. Des briques, du crépis et de la tuile. Sur la
façade fixant l’angle des deux rues, une faïence bleue et blanche
indiquait : Grande Mosquée de Rouen. Nous y voilà, tout ça de-
venait vraiment de plus en plus intéressant.

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