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imum. Tout le monde le pensait partout et il était nulle part.
Ses virées hebdomadaires en Allemagne se justifiaient sans aucun
doute possible. Il développait l’international et c’est à Berlin que
tout se passait. Personne ne posait de question. Il était le gendre
de Monsieur Grouchon et futur PDG du groupe. Qui pouvait
l’emmerder ? Pas une personne, pas une seule ne savait qui était
réellement Jean-Laurent De La Berthelière. Sa famille le voyait
comme un mari impliqué dans son travail et dévoué à l’industrie
Grouchon. Ses amis le savaient mesuré et reconnaissant de son
éducation aristocrate et religieuse. Pour sa femme il était le père
de ses 3 enfants, quant à ses amants, ils le pensaient producteur de
cinéma sous le patronyme de Justin Langlois. Jean-Laurent était
le seul à se connaître vraiment. Dans un miroir, il ne faisait pas de
détour. Il ne refoulait rien. Il connaissait ses vices, ses envies, ses
fantasmes et ses sentiments. Il était au clair avec lui-même mais
ne voulait pas partager sa personnalité aux yeux du monde. Il se
sentait plutôt heureux. Pas du genre à buter ses gosses dans leur
sommeil. Ni à maquiller un accident de bagnole pour disparaître
définitivement. Non il était bien dans sa vie de mensonges. Il
jouait un rôle et changeait de partition en fonction de ses interlo-
cuteurs et cela sans faille depuis toujours. C’était une mécanique
parfaitement rôdée de son côté. C’en était tellement naturel qu’au
final, pour lui, il ne mentait à personne. Il était comme ça, point
barre, passons à un autre sujet.
Quand il partait direction Cologne, le lundi à 14h, après son conseil
d’administration, un sourire dévorait tout son visage. Il n’était
pas très beau garçon. La consanguinité de son arbre était sûre-
ment responsable de son arête nasale interminable et de sa petite
bouche, tel un pli de drap au milieu du lit. Son mètre quatre-vingt-
seize, ses dents jaunes comme son teint et ses sourcils broussail-
leux lui venaient de son père. Ses paupières tombantes et le goitre
pendant, c’était plutôt un héritage de sa maman. Mais il pouvait
avoir de l’allure, et puis, il se tenait bien, et puis il connaissait les
codes de son monde, et puis il était loin d’être idiot, et puis il se
sentait libre et ça c’était son super pouvoir !
Au final, il faisait quasi toujours ce qu’il voulait. Les mondanités
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Ses virées hebdomadaires en Allemagne se justifiaient sans aucun
doute possible. Il développait l’international et c’est à Berlin que
tout se passait. Personne ne posait de question. Il était le gendre
de Monsieur Grouchon et futur PDG du groupe. Qui pouvait
l’emmerder ? Pas une personne, pas une seule ne savait qui était
réellement Jean-Laurent De La Berthelière. Sa famille le voyait
comme un mari impliqué dans son travail et dévoué à l’industrie
Grouchon. Ses amis le savaient mesuré et reconnaissant de son
éducation aristocrate et religieuse. Pour sa femme il était le père
de ses 3 enfants, quant à ses amants, ils le pensaient producteur de
cinéma sous le patronyme de Justin Langlois. Jean-Laurent était
le seul à se connaître vraiment. Dans un miroir, il ne faisait pas de
détour. Il ne refoulait rien. Il connaissait ses vices, ses envies, ses
fantasmes et ses sentiments. Il était au clair avec lui-même mais
ne voulait pas partager sa personnalité aux yeux du monde. Il se
sentait plutôt heureux. Pas du genre à buter ses gosses dans leur
sommeil. Ni à maquiller un accident de bagnole pour disparaître
définitivement. Non il était bien dans sa vie de mensonges. Il
jouait un rôle et changeait de partition en fonction de ses interlo-
cuteurs et cela sans faille depuis toujours. C’était une mécanique
parfaitement rôdée de son côté. C’en était tellement naturel qu’au
final, pour lui, il ne mentait à personne. Il était comme ça, point
barre, passons à un autre sujet.
Quand il partait direction Cologne, le lundi à 14h, après son conseil
d’administration, un sourire dévorait tout son visage. Il n’était
pas très beau garçon. La consanguinité de son arbre était sûre-
ment responsable de son arête nasale interminable et de sa petite
bouche, tel un pli de drap au milieu du lit. Son mètre quatre-vingt-
seize, ses dents jaunes comme son teint et ses sourcils broussail-
leux lui venaient de son père. Ses paupières tombantes et le goitre
pendant, c’était plutôt un héritage de sa maman. Mais il pouvait
avoir de l’allure, et puis, il se tenait bien, et puis il connaissait les
codes de son monde, et puis il était loin d’être idiot, et puis il se
sentait libre et ça c’était son super pouvoir !
Au final, il faisait quasi toujours ce qu’il voulait. Les mondanités
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