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V ous m’avez sauvé la vie, répéta sur le même ton Béatrice.

Tout ça faisait beaucoup d’émotions en 30 minutes. Bertille lui
tendit un mug de thé vert, l’invita à s’asseoir et se tut. Le re-
gard de cette petite blonde à la silhouette fine et athlétique était
en cristal, fragile et translucide. Elle tremblait de tout son corps
comme une bâche au vent. Le bas de son visage n’arrivait pas à
rester immobile. Elle approcha sa bouche de l’eau chaude et la
première gorgée lui fit un bien fou. Ses longs cheveux se tenaient
grâce à un crayon planté à l’arrière de sa tête. Béatrice remettait
inlassablement derrière ses oreilles, des mèches qui lui balayaient
le front. Elle se leva, remercia une nouvelle fois Bertille et sortit
sans un mot, se trouvant d’une nullité absolue. Les rayons du so-
leil la remplirent de courage, la firent se redresser et décurver ses
épaules. Béatrice entra de nouveau au 3, place Alain Minc. Son
pas était plus décidé que jamais.

— M adame De La Berthelière, je suis convaincue que vous êtes la
femme dont nous avons besoin pour cette ville. Je ne connais
pas votre programme mais je suis persuadée de votre sincérité.
Sachez que si vous avez besoin, je m’engagerai à vos côtés !

— M erci madame, mais,… Madame ?
— M adame Del’Imaginn, Béatrice Del’Imaginn. J’habite dans le

quartier depuis 4 ans. J’ai vu vos affiches il y a un moment.
Mon mari collabore avec le vôtre de temps en temps. Il l’ap-
précie beaucoup, évidemment. Tony s’occupe de la commu-
nication du groupe Grouchon occasionnellement. Au sein de
l’agence Jeune&Fun Com’, il gère le secteur agro-aliment.
Moi je travaille au Conseil Général, boulevard Mitterrand.
Nous avons deux petits garçons, Timotée, Léopold, 8 et 10 ans.
Ils sont adorables, vraiment, vraiment. Nous venons du Havre,
mais on adore Rouen. La politique m’a toujours intéressée et
je trouve incroyable votre engagement. J’ai l’air idiote de vous
dire tout ça, mais promis, je le suis moins habituellement. J’ai
envie de vous accompagner dans votre projet, voilà, c’est ce
que je ressens, tout simplement
— M erci… Merci beaucoup Béatrice, ça me touche énormément.

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