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Q ue faites-vous mademoiselle ? demanda Marge
— H euuu je fais des photos, répondit Vivian surprise
— V ous venez de faire une photo de moi, c’est cela ?
— P as du tout… Je photographie New York quand j’ai un peu de
temps, en me baladant, comme ça, pour le plaisir.
— V ous avez un très joli appareil me semble-t-il, même si je n’y
connais pas grand chose.
— O ui je l’ai acheté ce matin même, c’est un appareil allemand.
Vivian devenait heureuse dès lors où elle parlait de son matériel.
— L a photo m’a toujours intéressée. Vous auriez le temps de boire
un thé et de me parler de votre passion… Je m’appelle Marge.
— M oi c’est Vivian, Vivian Maier.
La faiseuse d’images ne comprit pas vraiment ce qu’il se passait.
Toujours est-il que 5 minutes après leur rencontre, elles étaient
assises en terrasse à boire un verre de Bourgogne frais.
Marge avait eu bon sur toute la ligne. Vivian était gouvernante
dans une riche famille de Manhattan où elle devait s’occuper et
faire la classe à deux petites filles. Elle habitait chez les Gens-
burg, dans une grande pièce meublée, accolée à une salle de bain
privée qu’elle avait aménagée en chambre noire. Des cordes à
linge, des pinces, des négatifs, des kilomètres de films, des bidons
de chimie. Marge aurait donné n’importe quoi pour pénétrer dans
cette antre. Le soir même les deux jeunes femmes étaient épaule
contre épaule entourées d’anonymes sur papier baryté. La lumière
rouge accentuait le fait d’être dans un autre monde. Marge était
entrée dans la tête de Vivian et voyait avec ses yeux. Elle se dit
que l’extrême beauté est toujours inconnue de tous.
Alex
Il fallait maintenant attendre, ne plus attaquer, laisser le venin se
diffuser. Alex avait fait de l’effet à Bertille, il en était persuadé et
ça le rendait heureux. Il pensait à elle jour et nuit. Comme quand
il avait 14 ans. Comme quand il pleurait sous sa couette en ser-
rant son doudou déchiqueté parce que Julie ne lui rendait pas ses
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— H euuu je fais des photos, répondit Vivian surprise
— V ous venez de faire une photo de moi, c’est cela ?
— P as du tout… Je photographie New York quand j’ai un peu de
temps, en me baladant, comme ça, pour le plaisir.
— V ous avez un très joli appareil me semble-t-il, même si je n’y
connais pas grand chose.
— O ui je l’ai acheté ce matin même, c’est un appareil allemand.
Vivian devenait heureuse dès lors où elle parlait de son matériel.
— L a photo m’a toujours intéressée. Vous auriez le temps de boire
un thé et de me parler de votre passion… Je m’appelle Marge.
— M oi c’est Vivian, Vivian Maier.
La faiseuse d’images ne comprit pas vraiment ce qu’il se passait.
Toujours est-il que 5 minutes après leur rencontre, elles étaient
assises en terrasse à boire un verre de Bourgogne frais.
Marge avait eu bon sur toute la ligne. Vivian était gouvernante
dans une riche famille de Manhattan où elle devait s’occuper et
faire la classe à deux petites filles. Elle habitait chez les Gens-
burg, dans une grande pièce meublée, accolée à une salle de bain
privée qu’elle avait aménagée en chambre noire. Des cordes à
linge, des pinces, des négatifs, des kilomètres de films, des bidons
de chimie. Marge aurait donné n’importe quoi pour pénétrer dans
cette antre. Le soir même les deux jeunes femmes étaient épaule
contre épaule entourées d’anonymes sur papier baryté. La lumière
rouge accentuait le fait d’être dans un autre monde. Marge était
entrée dans la tête de Vivian et voyait avec ses yeux. Elle se dit
que l’extrême beauté est toujours inconnue de tous.
Alex
Il fallait maintenant attendre, ne plus attaquer, laisser le venin se
diffuser. Alex avait fait de l’effet à Bertille, il en était persuadé et
ça le rendait heureux. Il pensait à elle jour et nuit. Comme quand
il avait 14 ans. Comme quand il pleurait sous sa couette en ser-
rant son doudou déchiqueté parce que Julie ne lui rendait pas ses
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