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M ademoiselle Bensaïd ? Yasmina Bensaïd ?
— C ela faisait plus de 3 ans qu’on ne l’avait pas appelée ainsi. Sa

bouche s’immobilisa, ses chevilles se chiffonnèrent.
— O ui, c’est moi…
— V oici un courrier recommandé que je dois vous remettre en

main propre contre signature, Mademoiselle. Je vous laisse en
prendre connaissance et me recontacter afin de passer à mon
cabinet. Je vous souhaite une charmante journée.
Marge avait cette grande enveloppe entre ses doigts et ne pouvait
plus bouger. Elle la décacheta. S’assit dans le salon. Son amie la
rejoignit hilare, puis s’interrompit immédiatement en voyant le
visage blaphane de sa colocataire.
Acte de succession, 20 juin 1947, Los Angeles. Blablabla, bla-
blabla, blablabla, blablabla était tapé à la machine. En bas du
3e feuillet, une écriture manuscrite, faite de pleins et de déliés
venait apporter un peu d’humanité.

Accepte tout mon amour.
Sans concession et sans raison.
L’ivresse est née de ton parfum,
elle m’embaume jusque dans mes bas-fonds.
J’étais fragile et toi solide bien que le monde pensait l’inverse.
T’embrasser ne serait-ce qu’une seconde et y repenser me bouleverse.
Ton Mogul, Ton Cary, For Ever.

Marge était millionnaire en dollars.

Tony

Il pensait tous les jours à Louise, sa maman. Elle était partie la
veille de ses 8 ans. Un cadeau, emmitouflé dans un joli paquet, trô-
nait sur le buffet. Le petit garçon attendit un mois avant de l’ouvrir,
persuadé que sa mère aurait voulu être là quand il le déballerait.
Pouf, adieu, plus jamais de nouvelle. Tony se sentit anormal du
jour au lendemain. Il n’en parlait pas, même à l’école, personne ne

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