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rire, à se détendre et c’est naturellement que les amies propo-
sèrent à leur jeune invitée de rester pour la nuit, pour le mois,
pour l’année. Tout s’improvisait. D’un coup d’un seul, Marge et
Hélène se sentirent utiles. En se regardant profondément, elles se
dirent que cette grande bâtisse était peut-être faite pour ça. Ac-
cueillir des femmes. Les couver, les accompagner, les épauler et
les aider à s’envoler.
Alex
Pleurer était un état dans lequel il adorait être, mais qu’il avait dû
dompter socialement. Par peur des regards, des jugements, des
inquiétudes. Pourtant ses larmes stabilisaient son organisme et en
rien ne l’affaiblissaient. C’était tout l’opposé. Ses sanglots l’apai-
saient, le soulageaient et pour cela il ne fallait faire rien d’autre
que de se laisser aller à pleurer. Pas de médoc, de discussion, de
réflexion. Les gouttes qui s’évacuaient par ses yeux nettoyaient
tout son intérieur naturellement.
Voir quelqu’un en larmes provoque toujours un léger malaise lié
à sa propre détresse, se disait-il. Alex, lui, était persuadé qu’en se
lovant dans cette humeur, il désengourdissait tous ses organes et
que tôt ou tard, ils le lui rendraient bien. Moins de stress, moins
de contractions, d’irritations. Il laissait s’échapper le mal plutôt
que de le contenir dans la cage intérieure de son corps.
Quand il ouvrit un œil, une perle nacrée roula vers ses tempes et
se fonda dans l’oreiller d’un bleu-hôpital. Alex chercha la mer qui
l’avait tant accompagné durant son long voyage.
Et cette présence, cette ombre, où était passée cette nouvelle
amie ? Il ne sentait plus le sable sous ses pieds, la brise qui le
léchait. Il puait la mort alors que la vie venait de lui redonner un
crédit. Comme s’il devait se souvenir de ce goût. Se rappeler qu’il
avait une dette envers les battements de son cœur. Alex pleura en
se disant que plus rien n’étoufferait son bonheur.
Une infirmière hurla de joie. Les aides-soignantes défilèrent pour
voir le phénomène. Les médecins passèrent dans sa chambre,
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sèrent à leur jeune invitée de rester pour la nuit, pour le mois,
pour l’année. Tout s’improvisait. D’un coup d’un seul, Marge et
Hélène se sentirent utiles. En se regardant profondément, elles se
dirent que cette grande bâtisse était peut-être faite pour ça. Ac-
cueillir des femmes. Les couver, les accompagner, les épauler et
les aider à s’envoler.
Alex
Pleurer était un état dans lequel il adorait être, mais qu’il avait dû
dompter socialement. Par peur des regards, des jugements, des
inquiétudes. Pourtant ses larmes stabilisaient son organisme et en
rien ne l’affaiblissaient. C’était tout l’opposé. Ses sanglots l’apai-
saient, le soulageaient et pour cela il ne fallait faire rien d’autre
que de se laisser aller à pleurer. Pas de médoc, de discussion, de
réflexion. Les gouttes qui s’évacuaient par ses yeux nettoyaient
tout son intérieur naturellement.
Voir quelqu’un en larmes provoque toujours un léger malaise lié
à sa propre détresse, se disait-il. Alex, lui, était persuadé qu’en se
lovant dans cette humeur, il désengourdissait tous ses organes et
que tôt ou tard, ils le lui rendraient bien. Moins de stress, moins
de contractions, d’irritations. Il laissait s’échapper le mal plutôt
que de le contenir dans la cage intérieure de son corps.
Quand il ouvrit un œil, une perle nacrée roula vers ses tempes et
se fonda dans l’oreiller d’un bleu-hôpital. Alex chercha la mer qui
l’avait tant accompagné durant son long voyage.
Et cette présence, cette ombre, où était passée cette nouvelle
amie ? Il ne sentait plus le sable sous ses pieds, la brise qui le
léchait. Il puait la mort alors que la vie venait de lui redonner un
crédit. Comme s’il devait se souvenir de ce goût. Se rappeler qu’il
avait une dette envers les battements de son cœur. Alex pleura en
se disant que plus rien n’étoufferait son bonheur.
Une infirmière hurla de joie. Les aides-soignantes défilèrent pour
voir le phénomène. Les médecins passèrent dans sa chambre,
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