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n’avait aucune importance, elle s’était toujours titillée. Se mas-
turber n’était pas du sexe et n’avait donc rien à voir avec sa vie
amoureuse. C’était juste une façon de s’occuper d’elle. Comme
une auto-récompense. Aujourd’hui, elle avait passé l’âge de se
justifier, mais très jeune elle culpabilisait. À l’âge de 30 ans,
Marge fut raccord avec le fait que s’effleurer le bas-ventre n’était
en rien un péché.
Marge différenciait totalement l’attraction physique d’un corps
et d’une âme, à ce moment velouté qu’elle aimait se procurer.
Comme le champagne et le Perrier. Tu préfères l’un, mais tu bois
plus souvent l’autre. Pourtant les deux peuvent te désaltérer.
Dans les années 50, Marge se laissait aller vers des fesses ou
un galbe qui passait. Puis le temps lui fit comprendre qu’une
connexion mentale et émotionnelle était devenue nécessaire pour
se mélanger avec une partenaire.
L’horloge trottant, l’urgence de la jouissance n’avait plus aucune
importance. Elle voulait de la douceur. Odile en était son distri-
buteur. Puis rien, plus rien. Quelques films lesbiens et des jouets
plus ou moins inventifs, sinon rien. Elle aimait pourtant tellement
parcourir cette peau chargée d’histoire, ces plis couleur ivoire,
ces creux jubilatoires. Faire l’amour était un pouvoir. Puis rien,
plus rien, plus rien du tout.
Marge trouvait tellement dommage d’avoir dû arrêter à défaut
d’avoir rencontrer la femme de ses dernières années. Elle ne se
voyait pas scruter les annonces du web, encore moins s’y incrus-
ter. « Femme, 90 ans. Célibataire. Libertaire. Aime le piano et se
faire lécher l’abricot ». Tout cela n’avait pas de sens. Alors elle se
résignait et se chouchoutait jusqu’à se liquéfier.
En glissant son dernier doigt dans ses gants Isotoner, Marge était
prête à décoller. Ce matin-là, elle voulait passer voir Bertille.
Trop de choses la taraudaient. Elle aimait les talons, mais pour
marcher, ses Mephisto étaient plus adaptés. Elle se sentait telle-
ment bien dans une robe, mais pour marcher, son pantalon en co-
ton étaient plus adapté. Elle s’adaptait. Elle s’adaptait tellement.
Une fois sur la place Alain Minc, Marge pénétra dans le local de
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turber n’était pas du sexe et n’avait donc rien à voir avec sa vie
amoureuse. C’était juste une façon de s’occuper d’elle. Comme
une auto-récompense. Aujourd’hui, elle avait passé l’âge de se
justifier, mais très jeune elle culpabilisait. À l’âge de 30 ans,
Marge fut raccord avec le fait que s’effleurer le bas-ventre n’était
en rien un péché.
Marge différenciait totalement l’attraction physique d’un corps
et d’une âme, à ce moment velouté qu’elle aimait se procurer.
Comme le champagne et le Perrier. Tu préfères l’un, mais tu bois
plus souvent l’autre. Pourtant les deux peuvent te désaltérer.
Dans les années 50, Marge se laissait aller vers des fesses ou
un galbe qui passait. Puis le temps lui fit comprendre qu’une
connexion mentale et émotionnelle était devenue nécessaire pour
se mélanger avec une partenaire.
L’horloge trottant, l’urgence de la jouissance n’avait plus aucune
importance. Elle voulait de la douceur. Odile en était son distri-
buteur. Puis rien, plus rien. Quelques films lesbiens et des jouets
plus ou moins inventifs, sinon rien. Elle aimait pourtant tellement
parcourir cette peau chargée d’histoire, ces plis couleur ivoire,
ces creux jubilatoires. Faire l’amour était un pouvoir. Puis rien,
plus rien, plus rien du tout.
Marge trouvait tellement dommage d’avoir dû arrêter à défaut
d’avoir rencontrer la femme de ses dernières années. Elle ne se
voyait pas scruter les annonces du web, encore moins s’y incrus-
ter. « Femme, 90 ans. Célibataire. Libertaire. Aime le piano et se
faire lécher l’abricot ». Tout cela n’avait pas de sens. Alors elle se
résignait et se chouchoutait jusqu’à se liquéfier.
En glissant son dernier doigt dans ses gants Isotoner, Marge était
prête à décoller. Ce matin-là, elle voulait passer voir Bertille.
Trop de choses la taraudaient. Elle aimait les talons, mais pour
marcher, ses Mephisto étaient plus adaptés. Elle se sentait telle-
ment bien dans une robe, mais pour marcher, son pantalon en co-
ton étaient plus adapté. Elle s’adaptait. Elle s’adaptait tellement.
Une fois sur la place Alain Minc, Marge pénétra dans le local de
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