Page 42 - Brochure
P. 42
z irritants :

Dans cette variété, on classe :

a) Les toxiques irritants lacrymogènes ; ces gaz irritent les conjonctives oculaires
en provoquant une vive brûlure, un larmoiement abondant et un spasme
des paupières. Ils aveuglent momentanément tous ceux qui en sont atteints.
Tous les gaz de cette catégorie sont des dérivés halogénés, c’est-à-dire des
composés chlorés, bromés ou iodés.

b) Les toxiques irritants sternutatoires1 ; ces gaz sont nettement plus nocifs.
Ils appartiennent au groupe des arsines de la série aromatiques. La plupart
de ces composés sont solides et traversaient les masques de type A.R.S.2.
Pendant la dernière guerre mondiale ces masques n’étaient pas encore munis
de dispositifs anti-arsines comme actuellement. A faible concentration ces gaz
provoquent une vive irritation des voies aériennes supérieures. Ces irritations se
manifestent par une abondante sécrétion de mucus nasal, des éternuements,
une salivation marquée, des nausées et vomissements, tous ces phénomènes
qui rendent le port du masque impossible. A forte dose les effets deviennent
nettement plus toxiques. On peut observer la congestion pulmonaire et même
l’œdème. La désinfection des vêtements est obligatoire sous peine de voir se
renouveler les effets ci-dessus nommés.

Gaz vésicants : gaz qui provoquent des ampoules sur la peau.

a) L ’ypérite : le principal des composés vésicants est l’ypérite ou sulfure d’éthyle
dichloré. Il a été utilisé pour la première fois à Ypres par les Allemands en juillet
1917, d’où son nom. C’est un liquide ambré, jaune-brun d’aspect huileux,
presque sans odeur s’il est pur, mais généralement il a une odeur de moutarde
et d’ail. Le sol, les vêtements et tous les objets contaminés restent imprégnés et
dangereux pendant plusieurs semaines. Les premiers symptômes n’apparaissent
qu’après une période de plusieurs heures. Ils se caractérisent par des nausées,
vomissements, picotements au niveau des yeux, larmoiement, lésions de la
peau, toux sèche. En cas d’intoxication plus grave on peut assister à des crises
de suffocation avec émission de lambeaux de muqueuses mélangées à du
sang et du pus pouvant provoquer la mort par étouffement.

b) Lewisite : la lewisite (chlorvinyl-dichloarsine) qui a été étudiée en Amérique par le
chimiste Lewis en 1918 appartient au groupe des arsines grasses, qui à forte
concentration provoque l’œdème du poumon. Ces arsines grasses furent
utilisées par les Allemands dès 1917. C’est un liquide ambré d’une odeur analogue
à celle du géranium. La douleur apparaît après quelques minutes. Son action
vésicante est plus rapide que celle de l’ypérite. Ses lésions oculaires, cutanées
ou respiratoires sont caractérisées par l’afflux de globules blancs et présentent
un aspect purulent. La guérison est plus lente et difficile que dans le cas
de l’ypérite.

1. Sternutatoire : qui excite l’éternuement.
2. A.R.S. : Appareil Respiratoire Spécial.

40
   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46   47