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e a perçu l’indécision profonde de Pierre, et, à sa surprise, son
intention de passer des vacances avec leur fils à l’île de Ré. Elle
s’autorise à la lire, alors même qu’elle ne lui est pas destinée… Par
la fenêtre, elle voit Hélène arriver en courant à l’hôpital. Solidaire
dans la douleur, Catherine, dans un geste empreint d’élégance et
d’une profonde humanité, déchire la lettre pour ne pas ajouter
à la souffrance d’Hélène. La mort est déjà une rupture. À quoi
bon en rajouter ? Par là, Catherine, sans le savoir, accomplit la
dernière volonté de Pierre, qui était de déchirer la lettre. Ainsi
chacune des deux femmes croit-elle que Pierre voulait revenir
vers elle, ce qui, au fond, était son vœu le plus intime et qui s’ac-
complit dans la mort : Pierre meurt réconcilié. C’est à Jean-Loup
Dabadie que nous devons ce dénouement magistral, comme le
rappelle Claude Sautet86, qui confie également à Michel Boujut :
« Dans la scène finale à l’hôpital où Lea Massari lit la lettre
destinée à Hélène, Romy a demandé si elle pouvait assister au
tournage. Et là, elles se sont embrassées, comme si la mort du
personnage les réunissait…87 »

À l’hôpital, comme dans la vie de Pierre, Hélène arrive après
Catherine. Elle apprend la mort de Pierre par l’infirmière (dont
nous n’entendons pas la voix). Pendant ce temps, la caméra se
tient à distance, derrière une vitre, et filme la scène en longue
focale88. Hélène, telle une jeune mariée, est vêtue tout en blanc.

 86.  « L’idée de la scène n’était pas de moi,mais de Jean-Loup Dabadie… » (Ibid.,p. 92.)
 87.  Ibid., p. 90.
 88.  L’usage récurrent de la longue focale dans Les Choses de la vie (que l’on retrouve
dans les autres films de Sautet) s’est imposé lors du tournage de la scène de l’acci-
dent, comme il l’explique lui-même : « […] la surexposition et les longues focales
sont venues du fait que j’ai dû commencer par l’accident, la scène fondamentale.

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